Titre original « Tcherny spissok » Alexandra Marinina, 1997.

Traduit du russe par Galia ACKERMAN et Pierre LORRAIN

Extrait

1/   A 6 heures, Rita n’était toujours pas venue à la plage, et je compris qu’il était inutile de l’attendre davantage. Elle avait sans doute un empêchement lié à l’enquête.

   - Ramasse tes affaires, mon ange, dis-je à Lilia en passant mon jean et en pliant nos serviettes dans un gros sac.

   - Et maman ? demanda-t-elle en levant le nez de dessus son bouquin sur les rêves volés.

   Ses grands yeux gris sombre me regardaient avec étonnement et irritation.

   - Tu as bien entendu ce que maman nous a dit ce matin, non ? Un meurtre a eu lieu à l’hôtel et la milice est sur l’affaire. On a peut-être prié maman de rester sur place.

   - Est-ce qu’on la soupçonne ?

   Laissez un enfant lire un polar et voilà ce qui arrive !

   - Non, mon petit ange. Mais maman connaissait bien la dame assassinée et on a dû lui demander d’en parler en détail.

   Lilia hocha la tête en silence et entreprit de s’habiller. Mon explication semblait l’avoir convaincue.

   En chemin vers notre chambre de la rue du Premier-Mai, nous nous arrêtâmes dans un magasin pour acheter notre dîner. Nos logeurs nous autorisant à utiliser la cuisine, nous avions le droit d’emprunter deux assiettes, deux fourchettes, un couteau, une casserole ou une poêle, d’utiliser la cuisinière à gaz et d’ouvrir le robinet. Mais il n’y avait aucun moyen de conserver les denrées alimentaires car le frigo se trouvait chez nos hôtes, comme c’est souvent le cas dans les appartements et les maisons où l’on loue des chambres aux touristes. Voilà pourquoi nous n’achetions que le strict nécessaire à nos repas.

   - De quoi as-tu envie ? demandai-je à Lilia, tel un parfait démagogue. De saucisses de dinde, de saucisses fumées ou de hollandaises ?

   - De saucisses fumées, me répondait-elle aussitôt, les yeux rivés avec délectation sur les saucissons exposés dans la vitrine.

   - Avec quoi ? Des pommes de terre ou des pâtes ? Du sarrasin ? C’est vite cuit.

   -  Ça m’est égal, papa, prends ce que tu veux.

2/   Le lieutenant-colonel de police de Moscou Vladislav Stassov est bien ennuyé lorsque, l’actrice Olga Dorenko ayant été assassinée alors qu’elle avait toutes les chances de remporter le grand prix d’interprétation féminine d’un festival de cinéma des bords de la mer Noire, il est obligé d’avouer à la police locale un gros mensonge qu’il a un jour servi à son ex, l’insupportable critique Rita Mezentseva. Mais quoi ? C’est ça ou laisser accuser le très innocent président du jury, Igor Litvak. De fait, les ennuis de Stassov ne font que commencer : c’est qu’on n’aime guère les flics de Moscou en province ! Surtout quand, coincés, ils se voient contraints d’enquêter en douce… mais que beaucoup s’en aperçoivent.

   Auteur, entre autres romans, du Cauchemar, de La mort pour la mort et de La mort et un peu d’amour, Alexandra Marinina a longtemps travaillé à la police de Moscou avant de se consacrer à l’écriture à plein temps.

Descriptif

Editions Le Seuil Policiers année 2001 ISBN 2020338947, Bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués, pages moyennement jaunies, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché grand format de 14,2x22,7 cm, 276 pages