Librairie des Champs-Elysées

ORVAL Claude – La dernière seconde

Réf: pt-lm890
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Description

Extrait

1/   Mme Cardot se servit un petit verre de rhum et regarda avec pitié Mme Falempin qui versait dans sa tasse une infusion de tilleul.

   - Petite nature ! grommela la concierge.

   Elle but, fit une grimace de satisfaction, et réaffirma sur un ton qui révélait son enthousiasme :

   - Une affaire sensationnelle !... Jamais je n’oublierai cette journée !

   Mme Falempin haussa dédaigneusement les épaules.

   - Peuh !

   - Quoi, peuh ?

   - Pour une fois que j’assiste à un crime, je n’ai pas de chance. L’histoire est banale, ma pauvre amie.

   D’indignation, Mme Cardot, qui avait remis le nez dans son verre, faillit s’étrangler.

   - Banale !... Vous avez dit banale ?

   - Parfaitement. Le domestique complice, soi-disant assommé, mais j’ai lu ça dix fois. C’est une situation qui a traîné dans je ne sais combien de romans policiers.

   - Possible. Et l’essentiel, vous l’oubliez ?... La panne, la sonnette !... Vous n’allez tout de même pas soutenir que c’est banal. Ce jeune inspecteur est un type formidable. Il a tout de suite saisi ce que je lui suggérais.

   - Quoi ? s’exclama Mme Falempin avec stupeur.

   - Ce que je lui suggérais, parfaitement. Pourquoi prenez-vous cet air effaré ?... J’ai attiré son attention sur la première coupure de courant et il a très vite fait le rapprochement qui s’imposait.

   - Bref ! Vous aviez tout deviné ?

   - Je ne dis pas ça. Mais enfin, j’avais déjà ma petite idée et…

   Une voix l’interrompit :

   M. Dumontier, s’il vous plait ?

   Courroucée, Mme Cardot tourna vivement la tête : un sourire amené par un bref examen détendit ses traits.

 

 

2/   Perrignon approchait du comptoir ; il se hissa sur un tabouret et commanda une fine. A sa droite, un client tourna la tête, puis, après un bref examen, il s’écarta légèrement ; il ne s’attarda pas, régla sa consommation et fila.

   L’inspecteur ne se méprit pas sur le sens de cette fuite et fit la grimace.

   - Est-ce que j’ai vraiment déjà pris l’allure d’un flic, comme le prétend cet idiot de Raymond ? se demanda-t-il avec inquiétude.

   Il prit son verre et sentit le regard du patron qui pesait sur lui ; en buvant, il étudia à la dérobée le visage d’Arsène. Il y lut facilement une expression d’attente interrogative.

   Perrignon ne pouvait s’y tromper, cependant il n’eut pas l’air de saisir et fit face à la salle. Il comprenait que le patron, mis en demeure de jouer un rôle actif dans la scène qui pouvait se dérouler dans son établissement, eût accepté, bon gré mal gré, mais le personnage ne lui plaisait pas et il le sentait parfaitement capable de miser sur deux tableaux. Il n’osa pas prendre ce risque et décida de s’abstenir.

   Il alluma une cigarette et promena son regard indifférent sur la salle. Installé devant une table écartée de la piste, Raymond Ronin paraissait la proie d’un profond ennui. Perrignon pensa que rien ne s’opposait à ce qu’il allât rejoindre son ami ; il régla sa consommation, se fraya un chemin parmi les couples de danseurs et prit place à côté de Raymond.

   Arsène l’avait suivi du regard ; contrarié, il envoya promener un habitué qui l’interpellait. Il avait depuis longtemps noté la présence de Raymond Ronin, déjà repéré la veille, et s’irritait de ne pouvoir situer ce personnage qui n’avait pas du tout l’allure d’un policier.

 

Descriptif

Editions Librairie des Champs Elysées Le masque 890 année 1965, Assez Bon Etat général, couverture souple marquée en bas à droite, tranche et dos légèrement passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre broché d’occasion format poche de 11,5x17,5 cm, 188 pages

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