Le livre de poche

PANCOL Katherine – Muchachas Tome 2

Réf: rf-ldp33726
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Description

Extrait

1/   Gary avait étouffé un rire. Bien fait ! Il détestait ce genre de pimbêches qui vous piquent sans vergogne le taxi que vous aviez hélé et lancent désolée ! Je l’avais vu avant ! Ces femmes qui sourient sans plisser les yeux, aiment sans donner leur cœur, mangent sans rien avaler, que du vent, de l’air, zéro calorie garanti.

   Il observait la scène, satisfait, lorsque Hortense avait attrapé son poignet et demandé, haletante, t’as vu ? T’as vu ce que j’ai vu ? Je tiens un truc, un super truc ! Dis rien ! Tais-toi ! J’ai une idée, elle est là, elle est…

   Elle mordillait le bout de son doigt taché d’encre et il avait encore eu envie de l’embrasser.

   - Oh non ! Elle s’en va !

   - Mais tu parles de quoi ?

   - J’ai eu une idée et pfft, partie !

   - T’as eu une vision ? Il avait demandé goguenard.

   Hortense, plantée sur le bord du trottoir, la prunelle sombre, mâchouillait ses lèvres. Gary lui avait pris la main :

   - Viens, on va voir le programme des concerts à Carnegie.

   - Non, pas envie. Je rentre. Salut !

   Elle était repartie, la tête rentrée dans les épaules, les mains enfoncées dans les poches de son Burberry acheté aux puces.

   Il ruminait, furieux. Je m’arrache à mon piano pour l’accompagner et elle file sans un mot. Je suis son larbin, sa suivante, son cireur de pompes, fi-ni-to !

   Il était entré dans le hall de la salle de concerts, avait admiré la grande horloge Breguet à tourbillon, le marbre bordeaux, les luminaires boules, et sa colère s’était apaisée. Il avait réservé un fauteuil d’orchestre pour le concert de Radu Lupu. Schubert, César Franck, Claude Debussy. Une seule place ? avait demandé la caissière, une grosse Noire avec des boucles d’oreilles en plastique jaune, en pianotant sur son clavier. Oui, une seule. Elle crachotait dans un micro qui lui déchirait les oreilles.

   - Vous avez de la chance, c’est la dernière et vous êtes rudement bien placé.

 

2/   Avant Gary Ward, elle était maladroite, mal assurée. L’école coûte si cher ! quarante-cinq mille dollars par an, plus l’assurance du violon, trente mille dollars. Son grand-père a emprunté pour qu’elle entre dans cette école. Son oncle lui a prêté de l’argent. En râlant. Elle fait des comptes dans les marges de ses cahiers. Elle a de la chance d’avoir trouvé cet arrangement avec Mister G : repasser ne la rebute pas. Même si avec des jabots qui débordent, des poignets lissés, des rubans et des dentelles. On dirait un petit marquis français. Il exige des chemises sans un seul faux pli. Il a une légende à entretenir. On doit toujours faire envie, jamais pitié, il dit. Il la regarde repasser et lui raconte sa vie, les cabarets où il a joué, ses conquêtes féminines. Maintenant, il dit, je suis trop vieux, je ne sers plus à rien puisque je ne fais plus rêver ni trembler. Aucune femme ne m’attend. Il s’asperge d’une eau de Cologne qui sent si fort qu’elle arrête de respirer quand il s’approche de trop près. Mais dis-moi, j’ai encore un peu d’allure, non ? Elle regarde son chapeau de feutre marron posé sur ses cheveux blancs, son long manteau en cuir, ses grosses lunettes noires, ses bottes en croco jaune et vert, elle opine de la tête. Je te loge, donc je suis encore utile, merci ma fille ! Et Ulysse, c’est plus qu’un ami, c’est mon frère. Je donnerais ma peau pour le défendre. On en a vécu des galères ensemble. Eh bien, tu vois, pas une fois on ne s’est trahis. Pas une fois ! Ulysse, c’est sacré, il ne faut pas y toucher !

   Calypso écoute et opine.

 

Descriptif

Editions Le livre de poche 33726 année 2015 ISBN 9782253194699, Bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,3x18,2 cm, 480 pages

 

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