Fleuve Noir

RANDA Philippe – Les fusils d’Ekaistos

Réf: sf-fna1052
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Description

Extraits

1/   On parle autour de moi ! Des phrases confuses… Certaines vois aigües, d’autres basses. Je n’arrive pas à saisir leurs sens. Ces voix sont à la fois lointaines et à ma portée. Elles s’approchent et s’éloignent sans arrêt. Un peu comme le flux et le reflux de la mer. Par moments, j’ai l’impression que je vais les comprendre.

   Cela me demande un terrible effort de concentration et je me sens las comme après un travail éprouvant.

   - … De toute façon, il vit !

   Il vit ? Qui ? Je tends mon esprit pour essayer d’attraper d’autres phrases, mais plus je me force, plus elles reculent. Je dois me laisser aller, ne rien tenter, et elles se rapprocheront.

   Tout reste confus, comme étouffé par un brouillard. Juste un brouhaha de paroles incompréhensibles. Il vit ? On parlait de moi ? Dans ce cas, oui, si je m’en réfère à l’adage célèbre : « Je pense donc je suis. »

   Les voix se sont tues. Pas longtemps. Elles reprennent presque immédiatement. Cette fois, je les comprends.

   - Son pouls est normal.

   On parle de moi, je le devine. Où suis-je ? Dans un hôpital, sans doute. Plutôt un asile pour nécessiteux. Celui de mon quartier ? Je suis dans une salle commune, alors.

   Encore un arrêt dans la conversation. On cogne des objets les uns contre les autres et le bruit résonne dans ma tête. Tout à coup, je me souviens. Des hommes sont venus dans ma maison pour la cambrioler. Du moins, je l’ai pensé. L’un d’eux m’a fait une piqûre. Pas pour me tuer…

   Est-ce eux qui m’ont amené où je suis ? Qui d’autre aurait pu me découvrir et s’occuper de moi ? Personne ne me rend jamais visite. J’ai fait progressivement le vide autour de moi. Un hôpital !… Lorsque je serai réanimé, on me renverra. Je n’y tiens pas. Ici, j’ai chaud et je suis à mon aise. Retrouver mon quartier, mon taudis !… Un sale souvenir. Je le chasse de mon esprit.

   J’essaye d’ouvrir les yeux. Impossible. Cet effort vain se répercute dans mon cerveau. Une douleur atroce. A la prochaine tentative, je devrais réussir. Il y a comme un barrage, et je ne suis pas arrivé à le franchir.

   On recommence à parler. Une voix plus mâle.

   - Le transfert a eu lieu il y a à peine cinq heures, capitaine… Il est épuisé.

 

2/   Pas très grande, ma cellule. Deux mètres sur trois, mais cela ne me gêne pas beaucoup, car je ne devrais pas y rester longtemps. Je suis allongé sur une espèce de bat-flanc, pas trop dur tout de même, et viens de me réveiller.

   Combien de temps ai-je dormi ? Aucune idée. La drogue du docteur m’avait complètement assommé. Maintenant, je me sens de nouveau en pleine forme. J’ai faim… mais on ne m’apportera rien aujourd’hui.

   Soif, aussi… Pour ça, pas de problème. A côté d’une cavité prévue pour mes besoins, un robinet. Je me lève, place ma bouche dessous. Du pied, j’actionne une petite pédale. Une giclée d’eau… Pas très bonne, mais rafraîchissante.

   Ensuite, je me recouche. Est-ce que je vais attendre longtemps ici ? Les Dangaristes sont certainement déjà au courant de ma présence. Je le parierais, ils disposent d’un système de renseignements qui concurrence le Bureau Impérial des Renseignements.

   Mes muscles faciaux me tiraillent un peu… Stevenson a insisté pour que mon visage surtout soit marqué… Je ne suis pas défiguré, ne ferai peur à personne, mais passerai pour avoir été maltraité.

   Soudain, j’entends le déclic annonçant l’ouverture de ma cellule. Un gardien en uniforme apparaît, un rayonnant dans la main droite.

   - Lève-toi !

   Un partisan dangariste, ou pas ? Bien sûr, je ne peux pas le lui demander. Je le suis dans le couloir où les portes coulissantes se referment, je m’informe :

   - Où allons-nous ?

   Il ne me répond pas et appelle le bureau de contrôle intérieur. Sans lui, l’ascenseur ne pourrait se mettre en branle. Sur un petit visiophone mural, la tête du surveillant apparaît.

   - Gardien Xarisu… J’emmène le prisonnier Talker au service des interrogations.

   Quelques secondes, puis l’ascenseur s’élève. Mon gardien se retourne aussitôt sur moi. A l’aide d’un petit condensateur d’énergie, il brise mes liens magnétiques.

   L’ascenseur s’arrête, les portes s’ouvrent.

   - Cours à la conduite d’aération, vite !

   - Et les rayons désintégrant ?

   - Ils vont être coupés.

 

Descriptif

Editions Fleuve Noir Anticipation 1052 année 1981 ISBN 2265015687, état général moyen, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués et passés, intérieur passé, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 222 pages

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