REA Andrea et TRIPIER Maryse – Sociologie de l’immigration

Réf: d-ldr364
2,00 € TTC
 En stock
Ajouter au panier
Description

Extraits

1/   Introduction

   L’organisation internationale des migrations estime à cent quatre-vingt-dix millions le nombre total de migrants dans le monde en 2005, ce qui représente 3% de la population mondiale. Ce chiffre relativise l’importance globale des flux migratoires. Toutefois, le volume total des migrants est en constante augmentation, signe que les migrations ne tarissent pas. Au contraire, la globalisation accélère l’entrée dans l’âge des migrations. Alors que plusieurs Etats européens ont alimenté les flux migratoires vers l’outre-Atlantique au XIXe siècle, puis les flux intra-européens au XXe siècle, ils restent ou deviennent une destination recherchée des nouvelles migrations internationales. En 2005, l’Union européenne comptait 25 millions d’étrangers (5,5 % de la population totale) installés principalement en Allemagne, en France, en Espagne, au Royaume-Uni et en Italie. L’impact de l’immigration en Europe s’apprécie également au regard du nombre des étrangers qui ont acquis la nationalité du pays d’installation, renouvelant de la sorte la population nationale. Dans l’Union européenne, entre 1991 et 2005, près de huit millions d’étrangers ont acquis une des nationalités des Etats membres.

   Ces phénomènes sociaux prennent une résonnance particulière parce qu’ils font l’objet d’un traitement politique ou médiatique où l’immigration est toujours présentée comme un problème, une menace. Qu’il s’agisse de l’entrée de nouveaux migrants, de la régularisation des sans-papiers, de l’intégration des générations issues de l’immigration, des discours politiques et médiatiques font des immigrés une cause d’insécurité. Le mot même d’immigration véhicule des peurs. C’est pourquoi, il est souvent objet de passion politique. En Europe, un fil rouge structure la condition des immigrés et de leurs descendants : le déficit de légitimité. La présence des premiers est souvent contestée et les second, quels que soient leurs efforts de conformité, restent suspects de vouloir se soustraire aux obligations d’intégration.

 

2/   Alors que la sociologie comme discipline acquiert une grande légitimité scientifique et médiatique en Europe, l’immigration reste un objet marginal. Comment expliquer cette situation ? La difficulté à instituer un champ académique largement développé aux Etats-Unis tient aussi à de vrais obstacles épistémologiques, explicables par la conjoncture intellectuelle des années 1960. Depuis l’après-guerre, la sociologie française, et plus largement européenne, a comme sujets de préoccupation dominants la reproduction sociale, l’égalité des chances, l’évolution du travail et la modernisation des institutions. Un des grands débats des années 1960 porte sur le devenir de la classe ouvrière. La question sociale et le devenir des conflits de classe mobilisent le champ sociologique et préoccupent les intellectuels. Certains travaux de sociologie du travail mettent en évidence les effets néfastes du taylorisme. D’autres estiment que la classe ouvrière a perdu son potentiel révolutionnaire parce que l’exploitation n’organise plus les rapports sociaux ou encore en raison de la fin des idéologies. La question sociale est abordée sous l’angle de la reproduction des positions sociales. Tout aurait l’air de changer mais rien ne changerait en réalité. La sociologie travaille donc l’envers du « glorieux » décor mais, dans la pièce qui se joue, les principaux acteurs sont des « classes » et ce sont leurs rapports qui sont interrogés plus que leur différenciation interne. On porte assez peu d’attention aux conséquences de la colonisation et de la décolonisation.

   Les sociologues, autour des événements de 1968, énoncent la nécessité de changements institutionnels pour répondre aux exigences sociales et culturelles que ces mouvements ont portées ; citoyenneté dans l’entreprise, émancipation des femmes, révision des formes d’autorité, droit au loisir et à la culture. Mais les immigrés ne sont pas en première ligne des occupations d’usine, leur rôle dans le mouvement ouvrier est pour une large part considéré comme secondaire et leur place dans la société, provisoire ou marginale.

 

Descriptif

Editions La Découverte Repères 364 année 2008 ISBN 978707154736, Bon état général, couverture souple tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x18,2 cm, 128 pages.

Produits pouvant vous intéresser