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RICE Anne – Entretien avec un vampire

Réf: fh-p12000
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Description

Titre original « Interview with the vampire » Anne Rice, 1976.

Nouvelle traduction de l’anglais (2012) par Suzy BORELLO et Cyrielle AYAKATSIKAS

Extrait 1

   « C’est seulement une fois devenu vampire que j’ai enfin compris ma sœur ; c’est pourquoi je lui interdisais de revenir à la Pointe du lac, lui imposant une vie citadine dont elle avait tant besoin pour être dans son temps, jouir de sa beauté et trouver un époux, plutôt que de pleurer la mort de notre frère et ma prise de distance, ou encore de jouer les dames de compagnie pour notre mère. Je leur procurais tout ce dont elles pouvaient avoir besoin ou qu’elles désiraient, accordant la plus grande attention à la moindre de leurs requêtes. Ma sœur s’amusait du changement qui s’était opéré en moi lorsque nous nous retrouvions certains soirs, et que j’allais la chercher dans notre appartement de La Nouvelle-Orléans pour l’emmener se promener dans les ruelles étroites et sur la levée bordée d’arbres. Dans le clair de lune, nous savourions le parfum de fleur d’oranger et la caresse de l’air chaud, elle me confiait des heures durant ses pensées et ses rêves les plus intimes, ces petits fantasmes qu’elle n’osait raconter à personne et que, même à moi, elle chuchotait à peine lorsque nous nous installions, parfaitement seuls, dans le petit salon faiblement éclairé. Alors, je la voyais, douce et palpable devant moi, une précieuse créature rayonnante bientôt condamnée à se flétrir puis mourir, à voir lui échapper ces moments qui, dans leur nature concrète, nous promettaient faussement… si faussement, l’immortalité.

   « Comme si c’était un droit que nous avions acquis à notre naissance, dont nous ne pouvions pas connaître le sens avant d’avoir atteint le mitan de notre vie, quand nous aurions vécu autant d’années qu’il en resterait devant nous ; à l’âge où chaque petit instant est censé être saisi et savouré.

   « C’est cette distance qui avait rendu cela possible, cette solitude sublime que Lestat et moi cultivions tout en parcourant le monde des mortels. Et les soucis matériels n’avaient aucune prise sur nous. Je vais vous en donner une illustration concrète.

   « Lestat avait l’art de dépouiller nos victimes, qu’il choisissait pour leurs somptueux atours et d’autres signes ostentatoires de richesse. Mais il avait dû terriblement lutter pour trouver un toit et protéger son secret. Sous ses allures d’homme du monde, je le soupçonnais d’être profondément étranger à la moindre question d’ordre pécuniaire. »   

 

Extrait 2

   « Avec toute l’admiration d’une enfant que la vie n’a jamais gâtée, Claudia trouvait tout cela extraordinaire et s’extasiait lorsque Lestat engageait un peintre pour transformer les murs de sa chambre en une forêt enchantée peuplée de licornes, d’oiseaux d’or et d’arbres aux branches chargées de fruits le long de ruisseaux miroitants.

   « Un défilé de couturières, de cordonniers et de tailleurs se succédaient chez nous pour habiller Claudia à la dernière mode, si bien qu’elle était toujours éblouissante, pas seulement parce qu’elle était une belle enfant – avec ses longs cils recourbés et sa magnifique chevelure blonde – mais aussi parce qu’elle portait des tenues du meilleur goût, des bonnets délicatement ornés et de petits gants de dentelle, des manteaux et des capes de velours flamboyants, ainsi que des robes à manches bouffantes d’un blanc immaculé agrémentées d’une ceinture d’un bleu éclatant. Lestat s’amusait avec elle comme avec une poupée. J’en faisait de même. Et cédant à ses prières, je troquais mon austère costume noir pour des vestes de dandy, des cravates de soie, des pardessus gris et doux au toucher, des gants de soie et des cape sombres.

   « Lestat estimait que la couleur qui, de tout temps seyait le mieux aux vampires était le noir, et c’était probablement le seul principe esthétique qu’il soutenait fermement, mais il ne s’opposait à rien qui puisse manifester le style et l’excès. Il aimait l’effet que nous produisions, tous les trois dans notre loge du nouvel Opéra français ou du théâtre d’Orléans auxquels nous nous rendions le plus souvent possible. Il nourrissait une passion pour Shakespeare qui me surprenait, bien qu’il eût généralement tendance à somnoler durant toute la représentation, se réveillant juste à temps pour inviter une jolie jeune femme à notre souper de minuit, où il usait de tout son art pour la faire tomber éperdument amoureuse de lui, puis l’expédiait brutalement aux cieux ou en enfer et rentrait à la maison avec sa bague en diamant qu’il offrait à Claudia.

   « Et durant tout ce temps, j’éduquais Claudia, murmurant dans sa minuscule oreille en forme de coquillage que notre vie éternelle ne nous était d’aucune utilité si nous n’appréciions pas la beauté qui nous entourait, l’œuvre des mortels visible en tout lieu ; je sondais en permanence la profondeur de son regard impénétrable tandis qu’elle prenait le livre que je lui tendais, récitait tout bas les poèmes que je li enseignais, et jouait au piano avec un toucher léger mais plein d’assurance, ses propres morceaux étranges quoique mélodieux.

 

Descriptif

Editions Pocket 12000 année 2013 ISBN 9782266134859, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, pages un peu jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 528 pages

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