France Loisirs

RICHARD Pierre – Le petit blond dans un grand parc

Réf: ba-flprpbgp
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Description

Extraits

1/   Ils furent tous deux les piliers de ma jeunesse ! Je me suis d’abord appuyé sur l’un, puis l’autre s’est appuyé sur moi, de toute son autorité.

   Mon premier était un aristocrate polytechnicien que je craignais beaucoup ; autant que je l’admirais.

   Mon second était un immigré italien que j’aimais passionnément, un analphabète qui fit sa fortune à grands coups d’intelligence brute.

   Léopold connaissait la valeur de l’argent et le comptait sans dépenser.

   Argimiro le dépensait sans compter.

   Leurs fils respectifs les réconcilièrent en dilapidant leur fortune après leur mort. L’un des deux était mon père…

   Je suis allé d’un grand-père à l’autre. Je pratiquais le baisemain comme un marquis sous l’autorité du premier, et tirais les oiseaux comme un braconnier avec la bénédiction du second.

   Léopold était un homme sévère mais bon, chez d’industrie et grand catholique. Il était petit, cintré dans des costumes stricts, le cheveu coupé court, en brosse, une brosse au carré. Ajoutez-y une moustache taillée comme un jardin à la française. Le matin, à l’heure où l’avenir appartient aux gens qui se lèvent tôt, on lui présentait son cheval devant le perron. Il l’enfourchait avec autorité pour un galop autour du parc, avant de se rendre à l’usine à huit heures précises. Trente minutes avant tout le monde pour donner l’exemple : le sien. Cela signifie qu’ils e réveillait, se lavait, s’habillait en cavalier, bottes et cravache, promenade, retour au château pour s’extirper des bottes, re-douche, complet trois pièces, cravate, coup de brosse irréprochable, café, arrivée à l’usine aux aurores, tout ça pendant que le reste de l’humanité somnole, cuve, se câline, envoie enfin un coup de pied dans le réveil.

 

2/   Tous les jours, Georges me cassait la gueule. Parfois c’était le matin, parfois à cinq heures, et parfois le soir avant d’aller se coucher. Et je le remercie encore de cette fantaisie dans ses horaires.

   Pas de lassitude, de morosité du quotidien. Il savait se renouveler le bougre ! Tant sur les heures que sur la variété de ses coups, et la diversité de ses raisons. D’ailleurs, il n’avait pas forcément besoin de motifs. A tout hasard… C’est bon aussi. Comme il avait cinq à six kilos de plus que moi, plus une technique de boxeur qu’il avait étudiée en salle, je n’avais aucune chance d’y échapper.

   Avec ça il était beau, des yeux sombres, très doux, comme ceux d’une biche, une chevelure noire abondante qu’il plaquait à la Rudolph Valentino. Son ascendant auprès des femmes (à douze ans !!!) nous rendait jaloux.

   Je ne me souviens pas de l’avoir jamais vu avec une femme, bien sûr, mais il nous sortait les photos de ses conquêtes à longueur de trimestre ; après ce que je prenais dans la journée, c’est pas moi qui allai s contester la validité des documents présentés.

   Pour parfaire le tout, il était souvent premier en classe, l’enfoiré !

   Il fallait bien se rendre à l’évidence ; les cartes étaient distribuées à la naissance par un dieu tout-puissant ! Et Il avait eu les meilleures.

 

Descriptif

Editions France Loisirs année 1990 ISBN 2724247817, Bon Etat général, Jaquette, couverture rigide, tranche et dos un peu passés, intérieur frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion relié grand format de 13,8x20,8 cm, 168 pages

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