Le Seuil

ROSANVALLON Pierre – Le parlement des invisibles

Réf: ess-srsvprpi
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Description

Extraits

1/   Une coupure s’est creusée entre la société et les élus censés la représenter. Ce constat est aujourd’hui bien établi. Le sentiment de mal-représentation vient d’abord de là. Il s’enracine avec évidence dans la tendance des partis à se professionnaliser et à fonctionner en vase clos. Il y a là comme une sorte de loi d’airain des organisations en général, et de la vie politique en particulier. Celle-ci tend de plus en plus à s’ordonner autour des enjeux de conquête et d’exercice du pouvoir, et non autour du souci d’exprimer la société ou de gouverner adéquatement l’avenir. Simultanément, le langage et les comportements du « moment électoral » et ceux du « moment gouvernemental » n’ont cessé de s’éloigner. D’un côté, un langage nourri par l’affirmation d’une chaleureuse proximité, de l’autre, celui d’une beaucoup plus froide Realpolitik. Cette constance, on la retrouve partout. Les historiens ont commencé à en retracer l’histoire, et nombre de sociologues ont depuis longtemps décrit les mécanismes producteurs de cette distanciation. Cette tendance peut certes être contrecarrée. Ne serait-ce que parce qu’une expression plus fidèle de la société accroît les chances de remporter une élection ! Des mesures institutionnelles régulant le mandat électoral sont également susceptibles d’infléchir le cours des choses. Cette tendance n’en pèse pas moins continuellement, malgré ces forces de rappel qu’il faut donc fortifier.

   Deux autres types de facteurs, plus structurels liés aux tensions internes à la modernité démocratique elle-même, rendent difficile la représentation politique de la société. Le premier tient au fait que l’élection est écartelée entre deux fonctions : choisir des gouvernants (fonction de délégation du pouvoir des citoyens), et transmettre les attentes des électeurs (fonction d’expression des besoins de la société). Ces deux fonctions recouvrent les deux sens du verbe « représenter » : exercer un mandat et restituer une image. D’un côté, un sens procédural, de l’autre, un sens figuré. Ces deux fonctions se sont longtemps assez bien superposées, lorsque les partis étaient clairement l’expression de groupes sociaux, qu’ils étaient, si l’on veut, des partis de classe. Ce n’est plus le cas depuis l’évènement des partis d’opinion.

 

2/   Résumé

   Une impression d’abandon exaspère de nombreux français. Ils se trouvent oubliés, incompris, pas écoutés. Le pays, en un mot, ne se sent pas représenté. Le projet Raconter la vie, dont cet essai constitue le manifeste à l’ambition de contribuer à le sortir de cet état inquiétant, qui mine la démocratie et décourage les individus. Pour remédier à cette mal-représentation, il veut former, par le biais d’une collection de livres et d’un site internet participatif, l’équivalent d’un Parlement des invisibles. Il répond au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, la réalité quotidienne prise en compte. Raconter la vie ouvre un espace original d’expérimentation sociale et politique, autant qu’intellectuelle et littéraire.

   Pierre Rosanvallon est professeur au Collège de France. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire de la démocratie et ses métamorphoses contemporaines, dont le plus récent est La Société des égaux. Il contribue aussi à animer un débat public informé, en dirigeant notamment la République des idées et le site La Vie des idées.

 

Descriptif

Editions Seuil Raconter sa vie année 2014 ISBN 9782370210166, Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché grand format de 14,2x20,7 cm, 82 pages

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