Le livre de poche

SAGAN Françoise – La femme fardée 1

Réf: rf-ldp5674
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Description

Extrait

1/   La cabine était vaste et luxueuse, mais lui semblait épouvantablement exigüe, et Clarisse attendait. Éric sifflait à côté dans la salle de bain. Il sifflait toujours dans son bain comme un homme insouciant, mais il y avait quelque chose de concentré, d’essoufflé, de presque furieux, dans sa manière de siffler qui évoquait tout pour Clarisse sauf l’insouciance. A sa décharge, il fallait bien dire que c’est l’un des états les plus difficiles – parce que légers – à simuler et qu’Éric était très mauvais acteur dans la comédie légère. L’insouciance suppose, par définition, un certain oubli ; et se rappeler d’oublier était sûrement en soi un effort paradoxal et pénible. Par moments, quand Clarisse oubliait qu’il ne l’aimait plus, quand elle oubliait qu’il ne la désirait plus, qu’il la méprisait et qu’il lui faisait peur, elle aurait presque pu le trouver comique. Mais ce n’était que de rares instants ; le reste du temps, elle haïssait trop en elle-même cette fadeur implacable et définitive qu’il lui reprochait sans un mot mais sans cesse, et avec raison, cette fadeur qu’il n’avait pas vue avant de l’épouser grâce à la myopie de l’amour, cette fadeur insurmontable qu’elle ne parvenait plus à dissimuler même sous le fard les plus épais, et qu’elle était juste arrivée à rendre tapageuse.

 

2/   Andreas avait été stupéfait d’abord par la mimique pourtant sans équivoque de la Doriacci, lorsqu’elle avait quitté la salle, l’index impérieux, et une légère réprobation s’était mêlée à sa joie. En réalité, depuis le début de ce qu’il appelait son histoire d’amour, Andreas se sentait mal à l’aise. Il se sentait de plus en plus épris de la Doriacci et coupable de l’être : coupable d’éprouver un désir que de toute façon il était a priori décidé à déclarer et à prouver. Dans ses imaginaires naïfs et cyniques les plus poussés, Andreas se voyait généralement en train de compter les bagages dans le hall d’un palace, il se voyait poser un vison sur des épaules endiamantées, il se voyait danser des slow-fox sur la piste célèbre d’une boite de nuit avec sa bienfaitrice. Il ne se voyait jamais au lit, nu, contre une femme nue et usée, il ne se voyait jamais lancé dans les gestes de l’amour, malgré ses expériences, récentes mais nombreuses. Ses rêveries étaient sur ce point aussi chaste que celles qu’on prête aux jeunes filles du XIXe siècle.

 

3/   Résumé

   Un paquebot étincelant, la plus grande diva de l’époque, un pianiste au zénith de sa gloire, un confort sans égal, des dîners au champagne et des escales de rêve, Capri, Syracuse, Carthage, Palma… C’est la célèbre croisière musicale du Narcissus qui promène tous les ans autour de la Méditerranée une petite cohorte de privilégiés.

   Peu à peu le calme se brouille, les masques tombent. Sous le soleil de septembre, dans ce décor de paradis, une douzaine d’hommes et de femmes glissent dans une aventure âpre, pleine de passion, de rire et de haine, de désirs déçus et de tendresse comblée. Ils partaient pour dix jours d’insouciance. Ils iront jusqu’au bout d’eux-mêmes… les uns vers la défaite ou même la mort, les autres vers un nouvel amour.

   Vingt-huit ans après bonjour tristesse, un roman somptueux qui donne encore une nouvelle dimension à la légende Sagan.

 

Descriptif

Editions Le Livre de poche 5674 année 1983 ISBN 2253029963, état général correct, couverture souple, tranche et dos marqués et passés, pages jaunies, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x16,7 cm, 288 pages

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