SAINT MARC Hélie de – Mémoires Les champs de braises

Réf: bab-phsmmcb
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Description

Ecrit avec la collaboration de Laurent BECCARIA

26 de photographies en noir et blanc

Extrait

1/   Une force que je ne maîtrise pas m’a poussé à revenir sur les lieux essentiels de mon existence. La nostalgie était absente de ces pèlerinages, dont je suis sorti meurtri. Il en est ainsi chaque fois que l’on rencontre les choses mortes. Il faut accepter ces désillusions inévitables. Elles sont le prix de la mémoire. Cependant, l’aventure que j’ai vécue fut si violente que j’ai ressenti la nécessité de secouer une dernière fois notre histoire, pour en faire tomber quelques indices ou un signe inconnu qui m’en donneraient le sens. La mémoire n’est pas seulement un devoir, c’est aussi une quête. Je suis parti pour l’Allemagne afin de voir à quoi ressemblait aujourd’hui un vallon boisé du Harz qui, il y a cinquante ans, abritait toute la misère humaine. Je me suis envolé pour le delta du fleuve Rouge pour chercher un lambeau d’espérance, là où les armes se sont tues. J’aurais voulu revenir aussi en Algérie, mais trop de sans abreuve encore ce pays de courage. « Pas une miette de cette terre qui ne soit injuste », répétait déjà la grand-mère de Jules Roy…

   Pour certaines émotions, il n’y a ni passé ni avenir, mais une sorte d’éternité. Le temps n’a pas plus de marque sur elles que sur ces parfums qui peuvent nous surprendre quels que soient l’heure et l’endroit, et dont la seule présence imperceptible dans le vent qui va, qu’ils soient fleur d’oranger, fougère séchée, glaïeul ou saumure, nous replonge immédiatement à l’époque où notre cœur battait si fort.

 

2/   Les survivants des légionnaires que nous avons commandés se réunissent  à intervalles réguliers. Ils nous invitent à les rejoindre. Ils arrivent de tous les pays du monde. Leurs destins après la Légion se sont dispersés. Certains sont restés soldats de fortune, après tout le seul métier qu’ils aient appris. Quelques-uns ont brassé des affaires aux quatre coins du monde, souvent honnêtes. Ils arrivent dans de grandes limousines noires. D’autres affectent des airs mystérieux, qui cachent soit le vide, soit le gâchis, soit des aventures rocambolesques sur fond de trafics, de règlement de comptes et de services secrets. Aucun romancier ne pourrait imaginer la démesure de ces vieux messieurs déplumés, tassés par les ans, accompagnés de dames dignes. Chacun est un roman.

   Nous parlons peu du passé. Mais il est là entre nous, présent, pesant, lancinant et impalpable, comme un chant profond et sourd, perceptible par nous seuls e qui, si nous n’y prenions garde, nous tirerait des larmes, celles que l’on verse dans la faiblesse du soir de sa vie sur les grandes heures de son existence. Je sors troublé et défait de ces réunions. J’i revu des hommes exceptionnels. Mais j’ai eu la perception brutale de l’usure du temps et de la dégradation irrémédiable qui l’accompagne. Je ferme les yeux pour les revoir autrefois avec leurs silhouettes coupantes comme des lames et leurs regards insolents. Je veux fuir et pourtant ces réunions me rattrapent. Elles racontent ces temps où nous vivions au quotidien le courage et l’aventure.

 

Descriptif

Editions Perrin année 1995 ISBN 2262011184, Assez Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos moyennement passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché grand format de 14,2x22,7 cm, 348 pages + 26 de photographies en noir et blanc

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