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SLOCOMBE Romain – La débâcle

Réf: rf-pp5230
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Description

Extrait

1/   L’obus est tombé à un ou deux mètres du caporal Bariaud, qui posait culotte près du fossé.

   Personne n’aime être tué en faisant caca.

   Y en a qu’ont pas de bol.

   Seule consolation, le pauvre gars n’a pas eu le temps de souffrir. Cela est clair si l’on observe ce qu’il en reste. La tête a été emportée, les bras et jambes ne tiennent plus que par les vêtements.

   Lucien Schraut est arrivé un des premiers sur les lieux de l’impact, en compagnie de Didelot et Pouzet, de la 16e demi-brigade de chasseurs alpins. Ils ont aidé à rassembler les débris et les ont placés dans une toile de tente. Au début, personne n’osait relever le mort de la boue où l’explosion l’avait projeté. C’est mon lieutenant, nommé Marescaux, et deux autres chasseurs, Coupelle et Rossi, qui sont descendus dans le fossé. On transporte le cadavre avec précaution pour lui éviter le moindre choc, comme s’il était toujours vivant. Les soldats se mettent au garde-à-vous puis se signent. On prie pour le repos de l’âme de ce brave type, un peu joueur et distrait, mais dont on se rappelle le bon sourire, le regard bien droit. Soulevant les pans de la toile, Lucien n’aperçoit comme restant de tête qu’une bouillie sanglante avec au centre un seul œil, parfaitement intact et qui semble voir encore.

 

2/   Lucien Schraut se réveille avec un sursaut. Il rêvait d’Hortense. Un cauchemar affreux. Renversée dans l’ombre d’un sous-bois, vêtue d’une robe gris-bleu à pois blancs qu’il ne lui a jamais vue, la jambe gauche repliée, la droite arrachée, tranchée au niveau de la cuisse, une esquille d’os pointant du centre de la barbaque rouge ; et le bras gauche sectionné au coude, s’achevant en une bouillie saignante où tournaient les mouches. Un joli chapeau à volants d’organdi blanc avait roulé dans l’herbe auprès du cadavre. Le visage était intact, tourné vers le ciel, les yeux bleus agrandis par l’épouvante qui déformait ses traits naguère pleins de grâce. Un inconnu agenouillé, à cheveux blancs, pleurait devant elle ; debout, un jeune prêtre en soutane disait une prière. Lucien affolé entendait galoper des chevaux, ronflé des moteurs d’avions. Des sanglots le secouaient tandis qu’il rêvait. Trop tard. Il était arrivé trop tard ! Hortense morte… comme tant d’autres évacuées, qu’il eut la tristesse d’observer durant la retraite, abandonnées sur le bas-côté de la route, sans sépulture, déchiquetées par les balles, les torpilles ou les obus…

 

3/   Résumé

   Du 10 juin 1940, quand le gouvernement s’enfuit de Paris, au 17 où Pétain annonce la demande d’armistice, huit jours qui ont défait la France.

   Et à travers cette France défaite, entre chaos et terreur, commence l’exode. Jetés sur les routes, une famille de grands bourgeois, un soldat, un avocat fasciste, une femme seule et beaucoup d’autres, dans une vaste chasse à courre à l’échelle d’un pays où nul ne sait encore qui sonnera l’hallali.   

 

Descriptif

Editions Points P5230 année 2020 ISBN 9782757883822, Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 504 pages

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