Titre original « Bloody sunrise » » Mickey Spillane, 1966

Traduit de l’américain par Éric Deschodt

Une aventure de Tiger Mann

Extrait

1/   A huit je pris mon petit déjeuner avec Dave Severn dans un restaurant de Broadway. Il avait le visage creusé de fatigue comme s’il ne s’était pas couché de toute la nuit.

   - Comment s’appelait-elle, Dave ? demandai-je.

   Il tira de sa poche une grande enveloppe brune et me la tendit.

   - Quel type ! Sa fille s’appelle Sonia Dutko, membre de l’équipe nationale. Elle a demandé asile politique à la fin des Jeux Olympiques de 56. Je te donne les grandes lignes maintenant ?

   - Vas-y. J’étudierai plus tard les détails.

   - Elle et Martel, reprit-il, ont dû rester ensemble pendant un an. Il était là pour les Jeux et servait un peu d’ambassadeur à ses concitoyens. Elle a gagné deux médailles d’argent. C’était l’image de la parfaite communiste : membre du Parti, chef d’un groupe d’étudiants de l’Institut Lénine et tout le reste. En haut lieu, on devait avoir entière confiance en elle, car elle était moins surveillée que les autres. Le soir du grand banquet organisé en l’honneur des participants, elle a tout simplement disparu ; elle s’est rendue à Londres où elle s’est mise sous la protection de notre ambassade et de là elle s’est envolée pour les Etats-Unis, où on lui a accordé l’asile politique habituel.

2/   La sonnerie du téléphone retentit ; le fis une boule du journal et le jetai contre le mur.

   - Oui ?

   Mais ma voix était rauque.

   - C’est… monsieur Tiger Mann ?

   La femme au bout du fil avait une inflexion étrange dans la voix. Sans répondre à la question, je demandai :

   - Qui est-ce ?

   - Tiger Mann ? insista-t-elle.

   - Oui. C’est moi.

   - C’est… Sonia Dutko.

   Elle avait la voix hésitante, et parlait comme si elle craignait d’être entendue. J’aspirai l’air profondément, et retrouvai d’un seul coup le contrôle de moi-même. Nous allions maintenant voir de quoi il en retournait.

   - Où êtes-vous ? demandai-je.

   - Votre amie… la femme… m’a donné une adresse et un papier à remettre à la personne. J’y suis allé. J’ai vu dans le journal qu’on a trouvé le cadavre d’une femme dans ma chambre à l’hôtel. Je crois que c’est votre amie.

   - Comment avez-vous pu me joindre ?

   - Le papier portait le nom de votre hôtel. Et votre nom était inscrit en bas.

   Elle s’arrêta et j’entendis sa respiration précipitée.

   - J’ai peur d’y retourner, reprit-elle. Je ne sais pas quoi faire.

   - Où êtes-vous maintenant ?

   - A l’adresse indiquée sur le feuillet. J’appelle de là.

Descriptif

Editions Presses Pocket 1027 année 1973, Etat général Moyen, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués et passés, pages jaunies, tranches des pages un peu salies, livre broché d’occasion format poche de 11,2x17,8 cm, 192 pages