Gallimard

THERON Germaine – Le secret merveilleux

Réf: r-ggtsm
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Description

Extraits

1/   Mais ma grand-mère, parfois venait chez nous. Le frère jumeau de Maman, Noël, avec lequel elle vivait à Paris, lui permettait pour un temps bref de le quitter ; c’était, le plus souvent, lorsqu’un reportage l’appelait en Province ou à l’étranger – et ma grand-mère avait toujours l’air échappée de Noël et de Paris.

   Elle arrivait flanquée de ses deux sacs valises pareils à deux énormes cigares en cuir fauve, dont l’un était rempli des cartes et lettres du front que Noël lui avait envoyées quelques années plus tôt, pendant la Grande Guerre, et dont l’autre, gonflé de rubans, de perles, de plumes, d’un flot disparate d’étoffes aux couleurs vives et d’un ruissellement séculaire de boutons, semblait sur le point d’éclater. De ces deux sacs, elle ne se séparait jamais. Elle nous apportait ces « cadeaux de Paris » dont le charme m’allait au cœur, un lot de bonbons à rendre malade Janette, et, moitié riant, moitié pleurant de nous revoir, elle installait chez nous la révolution.

   Elle sentait la lavande, la gaieté, la chasteté, le drame et avec transport, je me jetais contre elle. Je retrouvais son visage triangulaire de chatte sauvage comme pétri d’or, aux pommettes hautes, au nez court, aux yeux jaunes où dansait une lumière merveilleuse, son visage d’une singulière mobilité. Une tendresse forcenée s’échappait d’elle à chacun de ses gestes, comme si, donnant tout, elle s’inquiétait de ne pouvoir donner davantage. Elle avait de petites boules d’or aux oreilles, et de son madras en soie fusaient malgré elle ses cheveux fous que j’ai toujours connus d’argent vif. Impatiente, elle virait sur elle-même, déplaçant ses jupes en corolle comme une gitane, et ses larges chevilles égyptiennes, entrevues alors, achevaient de lui donner cet air d’exotisme que rien n’expliquait.

 

2/   Résumé

   Une toute jeune femme possède « Le secret merveilleux », cet appétit de sérieux au-dessus des morales, qui vous pousse à vivre avant l’heure, avec avidité, imprudence et passion. Tôt meurtrie, mais irréductible, elle rencontre un homme qui se sait condamné parce qu’il est authentique, intransigeant et seul. Elle vient d’avoir vingt ans, il va en avoir quarante. Lucide, il l’aimera comme une chère ébauche en laquelle il voit sa survie et son ultime titre de noblesse, avant de disparaître.

   Elle est la fille aînée, dans un clan familial qui vit à la lisière brûlante entre le port de Bordeaux et la forêt landaise qui est déjà l’Espagne – d’une vie ardente et repliée, en marge du monde, mais rattachée à Paris par de forts liens e sang. Le monde fondra sur cette famille, à la faveur de la guerre et de l’occupation, la crucifiant sans qu’elle oppose autre chose que cet amour d’Antigone, qui dépasse Antigone.

   L’histoire est contée par la jeune femme qui possède « le secret merveilleux » : celui d’une sensibilité fascinée par la condition humaine dans ce qu’elle a de sensuel, de fuyant et d’impérissable, la condition de l’inquiétude.

   « Le secret merveilleux » est une sorte de « cante jondo ». Au-delà de ce qui est moral, immoral, ou amoral, il y a ce qui est grave. Le livre chemine aux frontières de l’instinct, là où le cœur, la chair et l’esprit semblent puiser à la même source.

   Certains êtres naissent comme fascinés et vivent en funambule, sur la corde raide de leurs passions, entre la société qui d’en bas les guette et Dieu qui d’en haut les meut.

 

Descriptif

Editions Gallimard année 1957, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, intérieur jauni, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché grand format de 12,2x18,8 cm, 258 pages

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