Titre original « The Eiger sanction »
Traduit de l’américain par Jean Rosenthal
Extrait
1/ Le professeur était mal à l’aise. « Comment le savez-vous ? »
- Il n’y a qu’à regarder ! Bien sûr, il est possible qu’on ait commis une erreur d’étiquette pour l’autre. Je n’ai aucun moyen de le savoir. »
On fit une enquête et il s’avéra que Jonathan avait raison. Une des toiles était l’œuvre d’un des petits maîtres. Le fait avait été enregistré et était de notoriété publique depuis trois cents ans ; mais il avait échappé au tamis de la mémoire de l’histoire de l’art.
L’attribution à son véritable auteur d’une toile relativement sans importance intéressait moins le professeur que le don extraordinaire de Jonathan pour y parvenir. Même Jonathan était incapable d’expliquer le processus par lequel, dès l’instant qu’il avait étudié l’œuvre d’un peintre, il pouvait reconnaître n’importe quelle autre toile de la même main. Il y arrivait instantanément et d’instinct, et avec une totale certitude. Il avait toujours du mal avec Rubens et son usine à peindre, et il devait traiter Van Gogh comme deux personnalités séparées – l’un avant la dépression et le séjour à Saint-Rémy, l’autre après – mais dans l’ensemble ses jugements étaient irréfutables et il ne tarda pas à devenir indispensable aux principaux musées et aux collectionneurs sérieux.
Ses études terminées, il prit un poste d’enseignant à New York et commença à travailler. Les articles se succédaient, tout comme les femmes dans son appartement de la Douzième Rue, et les mois passaient dans une existence agréable et sans but. Et puis, une semaine après la publication de son premier livre, ses amis et concitoyens décidèrent qu’il était tout désigné pour arrêter des balles en Corée.
2/ Jonathan fit signe que oui de la main, tout en pouffant.
« La méthode que nous avions utilisée pour permettre à la formule du milieu de culture de tomber entre les mains ennemies n’avait n’était pas sans astuce. Nous l’avons remise à un de nos agents, ce Wormwood, à Montréal.
- Et par une fuite habile vous avez informé l’autre camp de ce transfert.
- Plus subtil que cela, Hemlock. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour les empêcher d’intercepter la formule – à une seule exception près. Nous avons utilisé pour le travail un agent incompétent.
- Vous vous êtes contenté de pousser ce crétin au milieu de la circulation et de les laisser l’écraser ?
- Wormwood était un homme aux possibilités dangereusement limitées. Tôt ou tard… » Il eut un geste de fatalité. « C’est là que vous entrez en scène. Pour que notre petite supercherie réussisse, l’assassinat de Wormwood devait être vengé tout comme si nous étions sérieusement chagrinés par sa perte. En fait, étant donné l’importance du renseignement, l’adversaire devait s’attendre à ce que nous infligions une sanction avec plus de vigueur encore que d’habitude. Et il ne fallait pas les décevoir. Le CII considère comme essentiel à la défense nationale que nous poursuivions et liquidions les deux hommes impliqués dans l’assassinat. Et… pour certaines raisons… vous êtes le seul qui puissiez vous charger de la deuxième sanction. » Dragon marqua un temps, son esprit mathématique passant en revue les détails de la conversation pour voir s’il n’avait rien oublié d’essentiel. Il décida que non. « Comprenez-vous pourquoi nous avions à ce point fait pression sur vous ?
- Pourquoi suis-je le seul qui puisse se charger de la sanction ?
- Tout d’abord acceptez-vous la mission ?
- J’accepte. »
Descriptif
Editions Edito Service des années 80 Classiques de L’espionnage, Bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,5x19 cm, 332 pages