Le début

   C’est chez la grande cantatrice Nadia Berger que j’ai rencontré Tony pour la première fois.
   Je le connaissais de réputation. Il habitait les Etats-Unis et on commençait, en France, dans les milieux initiés, à parler de son étrange musique baptisée « musique stochastique ». Je n’aimais pas ce mélange de mathématiques et de musique, le côté volontairement révolutionnaire de l’entreprise m’irritait et je ne lui trouvais aucun intérêt. J’étais donc plutôt prévenue contre lui et je ne m’explique pas encore aujourd’hui l’étrange fascination qu’il exerça sur moi dès que je le vis. Pourtant, si l’homme m’attira, l’artiste me laissa indifférente. Je l’ai déjà dit, il arrivait de New York, c’est là-bas qu’il faisait carrière et je me disais que, si l’on trouve en Amérique de prestigieux orchestre, des interprètes transcendants, un public éclairé et vaste, il faut bien admettre qu’il y a eu peu de vrais génies créateurs. A part Dvorak, peut-être, et Gershwing, mais là nous tombons dans la musique de Jazz.
   Donc, si je suis allée chez Nadia, ce jour-là, ce n’était certes pas avec le secret désir de faire la connaissance de Tony Baxter.

Editions Le cercle romanesque année 1968, état général correct, couverture rigide, tranches des pages et intérieur un peu jaunis, livre d’occasion relié format de 11,5x18 cm, 251 pages.