Extrait

1/   Au milieu de l’après-midi, elle émergea tout à coup de sa torpeur.

   - Je viens de faire un rêve étrange, murmura-t-elle à garde Doyon. Je sais maintenant que je serai morte demain.

   - Allons, allons, vous vous abîmez le moral avec toutes ces folies ! Regardez plutôt par la fenêtre, fit la garde avec un entrain de commande, ce beau ciel bleu sans nuages qui a brillé toute la journée… Est-ce que ça ne donne pas envie de devenir un petit oiseau ?

   - Un petit oiseau ? répéta Juliette en fronçant les sourcils.

   Elle contempla les grosses jambes et le derrière plantureux de son infirmière, marmonna quelque chose pour elle-même, puis :

   - Faites-moi venir tout de suite Clément Fisette, ordonna-t-elle d’un ton sans réplique.

   Garde Doyon téléphona au Studio Allaire et vingt minutes plus tard, le photographe apparaissait dans la chambre. Ils causèrent seul à seul une dizaine de minutes. Fisettte, ravi, prenait des notes dans un petit calepin noir posé sur ses gros genoux osseux. Puis Juliette fit revenir son notaire pour faire ajouter dans son testament les dernières dispositions dont elle avait discuté la veille avec ses amis.

   - Tout sera exécuté selon les règles de l’art, madame, assura maitre Gauthier en faisant voltiger sa main droite comme un prestidigitateur. Vous serez absolument enchantée.

   Sous le regard stoïque de Juliette, il allait et venait dans la chambre tout en sourires, secouant ses boucles blondes, se dépensant en mots d’esprit, frivole et insouciant comme un fils de famille pris de champagne sur un navire de plaisance, tandis que garde Doyon, penchée sur son tricot, manifestait son agacement par de furieux mouvements d’aiguilles.

2/   Résumé

   Autant vous avertir tout de suite : malgré ses cent cinquante kilos, Juliette Pomerleau n’arrête pas une seconde. Elle a beau souffler comme une locomotive, rien ni personne ne peut l’empêcher d’aller jusqu’au bout de ses idées. « Sueur de coq ! », nous dirait-elle, « ce n’est pas parce qu’on est grosse qu’on est empâtée ! ».

   Pourquoi le cacher ? Avec Juliette, on ne s’ennuie pas. On enfile des coins de rues. Et si on rit souvent, on a parfois la larme à l’œil ! Car l’amour de Juliette pour les autres ressemble à elle-même : il est énorme. Voilà pourquoi on l’aime à la folie. Ses peines et ses soucis, on les fait siens. On la suit à la trace. On applaudit à ses succès. Et plus le roman avance, plus on s’attache à elle et à ses locataires. Et pourtant, quel drôle de tableau.

   Outre son petit neveu Denis, que Juliette a adopté, on y rencontre sa sœur Elvina (une affreuse toquée), un dentiste visionnaire, un photographe gaffeur, une folle à lier, un pseudo-détective, un libraire sadique, un merle à une patte, un spéculateur véreux, et Bohuslav Martinek, compositeur et magicien malgré lui.

   Pourquoi le cacher ? C’est un roman inoubliable.

Descriptif

Editions France Loisirs année 1990 ISBN 2724247019, Bon Etat général, couverture rigide, jaquette, tranche et dos légèrement passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion relié grand format de 14,7x22,3 cm, 704 pages