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CARS Guy des – La brute

Réf: rf-jal47
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Description

Extrait

1/   Pendant cette nuit d’insomnie, Victor Deliot avait reçu une visite peu de temps après la conversation téléphonique avec Me de Silves :

   - Bonsoir, Maître. J’étais très inquiète : je vous ai cherché partout au Palais…

   - J’en suis revenu plus tôt que d’ordinaire.

   - Vous n’êtes pas souffrant, au moins ?

   - Non, ma petite fille…

   Danielle n’était pas sa petite fille, ni même sa parente, mais il avait pris l’habitude d’appeler ainsi la jeune étudiante qui terminait à la Faculté de Droit son Doctorat. Comme tant d’autres de ses sœurs, Danielle Geny se destinait au barreau. C’était par le plus grand des hasards qu’elle avait rencontré, quelques mois plus tôt, Victor Deliot à la terrasse d’un café boulevard Saint-Michel. Très vite, le vieux routier du Palais et l’avocate avaient sympathisé. Avec son esprit de contradiction habituel, Victor Deliot avait d’abord déconseillé à la jeune fille de s’inscrire, une fois ses études terminées, à un barreau quelconque en ne manquant pas de lui rappeler que le droit menait à tout à condition d’en sortir. Danielle, qui était arrivée dans la capitale cinq années plus tôt débordante d’ambitions juvéniles et d’espoirs, avait été quelque peu interloquée. Son nouvel ami ne lui dépeignait-il pas, avec une franchise émouvante, la misère qui l’attendrait si elle ne réussissait pas à s’affirmer dès ses premières plaidoiries ? Il lui fit comprendre qu’il était meix placé que quiconque sur ce chapitre pour avoir le droit de donner des conseils.

 

2/   L’absence dura quatre jours. Danielle était inquiète quand le coup de sonnette caractéristique de l’avocat retentit. Il était dix heures du soir.

   - Enfin, Maître ! Vous voilà !

   - Bonsoir, ma petite fille… Est-ce qu’il reste quelque chose à manger ? J’ai une faim de loup… mon vieil estomac ne peut plus s’accommoder des splendeurs douteuses d’un wagon-restaurant. 

   - Il y a tout ce qu’il faut, Maître… Vous devez être fatigué ?

   - Moins que je ne l’aurais cru… Je vous autorise à bavarder avec moi pendant mon dîner, mais après, il faudra réintégrer votre domicile…

   Il fit honneur au repas. La jeune fille n’osait pas l’interroger. Ce fut lui qu finit par parler, tout en découpant une poire.

   - Je vois que vous mourez d’envie de savoir ce que j’ai fait ? Et, comme vous ne m’avez rien demandé, je vais vous le dire… J’ai assisté à quelques expériences…

   - Des expériences ?

   - Sur des êtres humains qui sont nés sans vue, sans ouïe, sans parole.

   - Et ils vivent ?

   - Moins mal que vous ne le croyez…

   Il continuait à découper sa poire en observant sa jeune collaboratrice qui lui parut soucieuse.

   - Qu’est-ce que vous avez ? demanda-t-il. Il y a quelque chose qui vous tracasse ?

   - Je ne voulais même pas vous en perler, Maître, parce que je vous sais très occupé en ce moment… Voilà : toutes les nuits depuis votre départ, vers onze heures, ; j’ai reçu ici un coup de téléphone bizarre… C’était une voix de femme, toujours la même, qui demandait si vous étiez là ? Comme je répondais que vous étiez absent, on raccrochait immédiatement.

 

3/   Résumé

   Comment un malheureux, enfermé dans l’horreur d’être sourd-muet et aveugle de naissance, peut-il se défendre contre une accusation de meurtre ? Ce n’est que l’un des thèmes traités par Guy des Cars dans ce passionnant ouvrage. Son analyse de la machine judiciaire nous présente des types d’une densité et d’une vitalité prodigieuse et le portrait qu’il trace de Maître Deliot est d’une extraordinaire puissance. L’humanité avec laquelle le romancier s’est penché sur le cas de « La Brute » restera longtemps dans la mémoire du lecteur.

 

Descriptif

Editions J’ai lu 47 année 1966, Etat général Assez Bon, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, pages jaunies, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x16,7 cm, 448 pages

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