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DAUDET Alphonse – La chèvre de Monsieur Seguin

Réf: j-hbradcms
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Description

Dans cet ouvrage : La chèvre de Monsieur Seguin – Le secret de Maître Cornille et Les étoiles (Extraits des « Lettres de mon Moulin »

Illustrations d’Albert CHAZELLE

Extrait 1

   Monsieur Seguin n’avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres.

   Il les perdait toutes de la même façon ; un beau matin, elles cassaient leur corde, s’en allait dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait.

   Ni les caresses de leur maître ni la peur du loup, rien ne les retenait.

   C’était, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté.

   Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était consterné.

   Il disait :

   « C’est fini ; les chèvres s’ennuient chez moi, je n’en garderai pas une. »

   Cependant il ne se découragea pas, et, après avoir perdu six chèvres de la même manière, il en acheta une septième ; seulement, cette fois, il eut soin de la prendre toute jeune, pour qu’elle s’habituât mieux à demeurer chez lui.

   Ah ! qu’elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin ! qu’elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! Et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre pied dans l’écuelle. Un amour de petite chèvre… »

   M. Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d’aubépines. C’est là qu’il mit la nouvelle pensionnaire. Il l’attacha à un pieu au plus bel endroit du pré, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde et de temps en temps, il venait voir si elle était bien.

   La chèvre se trouvait très heureuse et broutait l’herbe de si bon cœur que M. Seguin était ravi.

   « Enfin, pensait le pauvre homme, en voilà une qui ne s’ennuiera pas chez moi ! »

   M. Seguin se trompait, sa chèvre s’ennuya.

 

Extrait 2 de « Le secret de Maître Cornille »

   Francet Mamaï, un vieux joueur de fifre, qui vient de temps en temps faire la veillée chez moi, en buvant du vin cuit, m’a raconté l’autre soir un petit drame de village dont mon moulin a été témoin il y a quelque vingt ans.

   Le récit du bonhomme m’a touché, et je vais essayer de vous le redire tel que je l’ai entendu. Imaginez-vous pour un moment, chers lecteurs, que c’est un vieux joueur de fifre qui vous parle.

   Notre pays, mon bon monsieur, n’a pas toujours été un endroit mort et sans refrains comme il est aujourd’hui.

   Auparavant, il s’y faisait un grand commerce de meunerie, et, dix lieues à la ronde, les gens nous apportaient leur blé à moudre…

   Tout autour du village, les collines étaient couvertes de moulins à vent. De droite et de gauche, on ne voyait que des ailes qui viraient au mistral pardessus les pins, des ribambelles de petits ânes chargés de sacs, montant et dévalant le long des chemins ; et toute la semaine c’était plaisir d’entendre sur la hauteur le bruit des fouets, le craquement de la toile et le dia hue ! des aides-meuniers…

   Le dimanche nous allions aux moulins, par bandes. Là-haut, les meuniers payaient le muscat. Les meunières étaient belles comme des reines, avec leurs fichus de dentelles et leurs croix d’or. Moi, j’apportais mon fifre, et jusqu’à la noire nuit on dansait des farandoles.

   Ces moulins-là, voyez-vous, faisaient la joie et la richesse de notre pays.

   Malheureusement, des Français de Paris eurent l’idée d’établir une minoterie à vapeur, sur la route de Tarascon. Tout beau, tout nouveau ! Les gens prirent l’habitude d’envoyer leur blé aux minotiers, et les pauvres moulins à vent restèrent sans ouvrage.

   Pendant quelque temps ils essayèrent de lutter, mais la vapeur fut la plus forte, et l’un après l’autre, précaïre ! Ils furent tous obligés de fermer… On ne vit plus venir les petits ânes… Plus de muscat ! Plus de farandoles !...

   Le mistral avait beau souffler, les ailes restaient immobiles… Puis, un beau jour, la commune fit jeter toutes ces masures à bas, et l’on sema à leur place de la vigne et des oliviers.

 

Descriptif

Editions Hachette Bibliothèque Mini rose de 1980 ISBN 2010013557, état général assez bon, couverture rigide, tranche et dos un peu marqués et passés, pages moyennement jaunies, livre d’occasion relié format poche de 11,5x17,2 cm, 126 pages   

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