Extrait

1/   Les jours qui ont suivi ont confirmé Lucie dans le bien-fondé de son accueil. Celle que les pensionnaires n’appellent plus que « la jeune fille d’en haut » n’est pas dérangeante. Elle fait son lit, balaie sa chambre, entre et sort sans bruit.

   Débarbouillée, coiffée, elle est assez jolie, le teint très clair, ais la bouche vive et les yeux bleu foncé. C’est une grande perche qui a besoin de s’étoffer et Lucie, d’office, lui rajoute des portions dans son assiette.

   L’arrivée de José a réveillé la vieille maison. Lucie a changé les rideaux du salon et elle commande de nouveaux plats à la cuisine. Et puis, elle bavarde avec José et l’aide à cocher les annonces dans les colonnes des journaux. Elle cherche une place de vendeuse dans une librairie ou un magasin de disques. Vraiment, elle n’a pas d’amoureux, s’étonne Lucie ? Elle dit non.

   Mme Delfeuille est curieuse à la folie, mais la vie de la maison lui offre peu de satisfactions. Les pensionnaires ne changent pas souvent. Quand l’un d’eux quitte la maison, tous les autres vont à l’enterrement. Leurs vies sont claires d’avoir été racontées si souvent, si minutieusement. Lucie connait leurs amours, leurs guerres, leurs trahisons. Elle furète, écoute, mais, hélas, elle n’a plus rien à découvrir, ni du côté de Mlle Gartembert, ni chez les Berminier, ni même chez M. Cardot dont elle a raccommodé un jour l’écharpe de franc-maçon. Elle connaît par cœur les revers de la veuve Gouffiat et, seule, Flossie Brooklet l’amuse et la fascine avec ses histoires de revenants, de tarots et de tables qui tournent. Miss Brooklet est la pythie-maison, l’oracle, la sorcière. Elle fait tourner son pendule, interroge les morts avec un alphabet et un petit instrument qu’elle appelle un oui-ja. Les autres la redoutent ou ricanent. Lucie, elle croit dur comme fer à ses prophéties et s’émerveille de ses mots bizarres et de ses explorations à travers le passé et l’avenir.

2/   Résumé

   José, l’héroïne de ce roman, est une jeune femme d’aujourd’hui, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas de tout repos. Mariée trop jeune à un imbécile, elle prend le large un soir de Noël. Belle, intelligente et rageuse, elle veut tous les bonheurs et toutes les libertés de la vie, persuadée que l’amour n’existe que pour achever les cœurs faibles. Seule, sa rencontre avec un superbe bandit lui fera réviser ce jugement. Les exigences de José et son goût des orages lui feront traverser des aventures que la morale réprouve mais dont les récits parfois drolatiques constituent une chronique sauvage et impertinente des travers de notre époque. On verra José servie par une chance diabolique, semer le trouble dans une famille de banquiers, bouleverser le cœur d’un ministre, passer des diamants aux frontières, échapper aux sortilèges indiens et aux coups de feu d’un hold-up. Seul l’amour aura raison d’elle et lui rapportera au centuple les orages qu’elle aura semés.

Descriptif

Editions Le Livre de poche 3540 année 1975, Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, pages un peu jaunies, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x16,7 cm, 288 pages