Roman biographique

Extrait

1/   A la grande maison de Cergy, plus exactement du Mesnil-Gency, une longue allée de marronniers, qui mène droit jusqu’au perron, donnerait presque l’allure d’un petit château, dont deux pavillons encadrent le corps central, sous trois toits distincts de tuiles rousses. Quelques pieds de vigne, un court de tennis en terre battue à l’abandon où le filet pendouille et de vieilles balles pourrissent, des bosquets indociles, qu’on a oublié d’élaguer, et des communs défraîchis : le lieu semble avoir connu une manière de prestige, et s’efforce de ne pas trop déchoir. Au village, on s’étonne de voir la gauche internationale y succéder à la bourgeoisie locale et des artistes s’asseoir dans des fauteuils de notables, autour d’une cheminée en pierre façonnée, à la demande de Gérard, par un républicain espagnol en exil.

   A peine arrivés de Ramatuelle, les enfants courent dans le parc planté de cèdres, de bouleaux, de tilleuls et d’un chêne deux fois centenaire, le plus beau de la région.

2/   Dans son manteau de flanelle, René Clair est venu, sans Bronia, rendre visite à Gérard, après son frugal déjeuner. Le cinéaste aux grands yeux et au nez de chouette chevêche, qui est de vingt-deux ans son aîné, et l’a dirigé trois fois, dans La Beauté du diable, Les Belles de nuit et Les Grandes Manœuvres, l’aime comme un fils. Le comédien le considère comme un autre père, mais un père présentable, respectable, enviable. Ils ne se ressemblent guère, mais se complètent très bien. Leurs différences, y compris politiques, ajoutent à leur complicité. Clair, d’un naturel réservé et froid, cache ses émotions comme si c’étaient des vices. Même dans la chambre de la clinique, où se mêlent des odeurs de soupe froide et d’alcool médicamenteux, il feint d’ignorer, à la veille d’une opération décisive, l’état et la mine de son ami, qu’il a pourtant connu plus fringant, plus ardent, plus fiévreux. Tellement plus vivant.

3/   Résumé

   « Nul n’était plus vivant que lui. Nul, plus sensuel. Nul plus enclin à la joie. »

   A trente-six ans, Gérard Philippe croyait avoir la vie devant lui. En 1957 le plus accompli de sa génération annote des tragédies grecques, rêve d’incarner Hamlet et s’apprête à devenir, au cinéma, l’Edmond Dantès du Comte de Monte-Cristo. Il ignore le mal qui le ronge. Du dernier été à Ramatuelle au dernier hiver parisien, semaine après semaine, jour après jour, l’inépuisable comédien se prépare, en vérité, à son plus grand rôle, celui d’un éternel jeune homme.

Descriptif                                           

Editions Folio 6924 année 2021 ISBN 9782072922282, Bon état général, couverture souple, dos et tranche légèrement marqués, intérieur frais, tranches des pages légèrement salies, livre d’occasion broché format poche de 11x18 cm, 208 pages