Rombaldi

RIVOYRE Christine de - Boy

Réf: rf-rtpcrb
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Description

Roman précédé d’une interview de la romancière avec documents photographiques

Extrait

1/   Pourquoi lui aurais-je avoué la vérité ? Là, si près du retour de ce jeune frère qu’elle aimait tant ? Et avant, l’été dernier, pourquoi lui aurais-je appris que je la connaissais, la caissière, Marinette, et que j’appelais Marinette et qui m’appelait Crevette pour faire comme lui ? Il m’avait invitée à goûter avec elle chez Dodin, nous avions mangé des glaces, elle pistache, moi orange-pistache et des millas cannelés, moi deux, elle cinq. Il la taquinait : Marinette est la seule caissière au monde qui ait des jambes derrière sa caisse. Elle avait des yeux verts, il disait des yeux de feuillage, et elle portait, enroulée autour de sa tête, une tresse de cheveux épaisse de cinq doigts et d’un brun chaud, il disait alezan brûlé. Au milieu du goûter, il lui avait demandé de dérouler sa tresse, de la laisser flotter sur le dossier de sa chaise. Si vous me faites ce plaisir, je vous offre un collier. Elle avait secoué la tête en souriant. Il ne manquerait plus que ça, qu’est-ce qu’on dirait de moi à Biarritz ? Elle était gentille et gaie et gourmande. Pauvre Marinette, jamais je ne l’oublierai, jamais je n’oublierai l’assiette de millas cannelés chez Dodin sur la table devant elle. C’était comme un château fort, chaque gâteau comme une petite tour, d’un marron luisant, verni, le marron du caramel qui met l’eau à la bouche même quand on n’a plus faim. Elle tendait une main nonchalante vers l’assiette, ramassait une tour, y plantait les dents. La crème cuite à l’intérieur apparaissait toute pale. Marinette disait c’est aussi beau que c’est bon et elle finissait son millas avec de la piété sur sa figure, dans ses yeux de feuillage. Quand oncle Boy avait saisi l’épingle en écaille qui maintenait la tresse enroulée autour de sa tête, un gros serpent avait croulé sur le dossier de sa chaise, je n’avais pu m’empêcher d’y porter la main. C’était doux, velouté, vivant. Oncle Boy, lui l’avait couvert de baisers. Marinette était toute rouge. Lâchez ça, voyons, vous êtes terrible. Mais lui, son air tendre qui vous remue jusqu’au fond du cœur :

   - Vous aurez encore cent millas cannelés, cent par jour, si vous voulez. Et maintenant allons choisir votre collier.

 

2/   Bon début. Il aimera, Papa. Je vais laisser traîner ma lettre. Il appréciera les cloches de l’aube et la question : les animaux sont-ils plus sages que les hommes ? Li qui dit que le peuple souvent est pire qu’une horde de loups. Evidemment, il faudra que je passe au corrector le canon qui tonne et les bombes qui explosent. Et les flèches, surtout les flèches. Quelles idées bizarres, ces flèches. Pourquoi pas la fronde de David tant que j’y suis ? Pourquoi pas les arbalètes, des pertuisanes, des hallebardes ? Pourquoi pas les arquebuses qui ont permis à Charles Quint de nous écraser, pauvres Français, à Pavie ? Qu’est-ce qui me retient de mettre : Ma chère Sabine, tandis que je vous écris, les bons Espagnols taillent en pièces les méchants ? N’est-ce pas le privilège des bons de tailler en pièce (combien de pièces ? quelle forme ?) les méchants ? Les Hébreux ne passent-ils pas leur temps à tailler en pièce les Philistins et les Amalécite ? Suffit. Comme disait Mère Dastier, ne laissez pas libre cours à votre imagination, Hildegarde. Tout ce qui a tonné cette nuit, tout ce qui a fusé, explosé, c’est le feu d’artifice du 14 juillet, il parait même qu’il a pris fin sur un embrasement de la mer derrière les Deux Jumeaux.

 

Descriptif

Editions Rombaldi Bibliothèque du temps présent année 1978 ISBN 2231003603, Bon Etat général, couverture rigide, tranche et dos très légèrement passés, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion relié moyen format de 14x18,8 cm, 256 pages

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