Le Seuil

BLOCK Lawrence – Trompe la mort

Réf: pt-slbtlm
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Description

Titre original « Hope to die » Lawrence Block, 2001.

Traduit de l’américain par Etienne Menanteau

Extrait 1

      Ce fut leur fille Kristin qui découvrit les corps. Elle avait passé la soirée à Chelsea avec des amis et aurait dû normalement dormir chez une copine qui habitait London Terrace, mais dans ce cas elle aurait dût garder ce qu’elle avait sur le dos pour aller travailler le lendemain matin ou bien commencer par rentrer se changer en vitesse. Un homme dont elle venait de faire la connaissance se proposa de la raccompagner, elle accepta. Il était un peu plus d’une heure du matin lorsqu’il se gara en double file devant la maison, dans la 74e Ouest.

   En principe, il aurait dû la reconduire jusqu’à la porte, mais elle l’en avait dissuadé d’un geste. Il n’en avait pas moins attendu qu’elle traverse le trottoir et monte les marches, attendu qu’elle se serve de sa clé, attendu qu’elle entre. Pressentait-il quelque chose ? Sans doute pas. Ce devrait être une question d’habitude, d’éducation : quand on ramène une dame chez elle, on attend qu’elle soit en sécurité avant de s’en aller.

   Il était donc toujours là, prêt à démarrer, lorsqu’elle reparut dans l’embrasure de la porte, horrifiée.

   Il avait coupé le contact et était sorti voir de quoi il retournait.

   L’affaire éclata trop tard pour les journaux du matin, mais elle fut le plat de résistance des informations régionales. Nous apprîmes donc la nouvelle au déjeuner, Elaine et moi. La fille de la chaîne New York One expliquant que les malheureux étaient allés écouter un concert au Lincoln Center ce soir-là, nous sûmes que nous avions entendu la même musique qu’eux ; ce que nous ne savions pas à ce moment-là, c’est qu’ils avaient également assisté à la réception et au dîner en l’honneur des bienfaiteurs. Déjà que nous étions mal à l’aise à l’idée que nous nous étions trouvés dans la même salle de concert qu’eux, en compagnie de milliers de gens… ç’aurait été encore pire de comprendre que nous avions tous participé à une réunion beaucoup plus intime.

   Le double meurtre ne se contentait pas de faire les manchettes, c’était comme disent les journalistes, une affaire en or. Les victimes, un avocat en vue et un écrivain publié, étaient des gens respectables et cultivés qu’on avait sauvagement assassinés chez eux. On l’avait violée, ce qui est toujours un plus pour ceux qui lisent la presse populaire, et fini par abuser d’elle avec le tisonnier. A une époque moins crue que la nôtre, on aurait passé sous silence ce dernier détail. En général, la police ne divulgue pas ce genre d’informations pour pouvoir détecter plus facilement les aveux fantaisistes, mais cette fois la presse en avait eu vent. Le New York Times n’en souffla mot, peut-être par décence, et au journal télévisé l’on fit état d’un second attentat à la pudeur, sans donner de précisions, mais le News et le Post n’eurent pas cette tenue.

 

Extrait 2  

   Les jours suivants je m’entretins avec une dizaine d’individus, tantôt par téléphone, tantôt en tête à tête. Je n’avais pas de contrat ni de véritable raison de mener une enquête, et pourtant j’étais débordé.

   J’appelai plusieurs avocats de ma connaissance, dont Ray Gruliov et Drew Kaplan, au cas où ils auraient quelque chose d’intéressant sur Byrne Hollander. Ray avait rencontré un beau jour un jeune type qui était associé, un certain Sylvan Harding, mais c’était surtout son prénom qui l’avait frappé.

   - Je n’ai jamais connu de Sylvan, m’expliqua-t-il et il me fallait sans cesse faire attention à ne pas l’appeler M. Fields, à cause de l’expression « Sylvan Fields » qui me trottait dans la tête et visiblement continue de me hanter. Je ne suis même pas sûr qu’il se souvienne de moi.

   - Quand a-t-on vu quelqu’un oublier Ray le Dur-à-Cuire ?

   - D’accord, tu as raison. Je peux lui téléphoner, si tu veux, pour le prévenir que tu vas sans doute le contacter. Mais je ne sais pas si ça te facilitera les choses ou si ça l’incitera à rester sur ses gardes.

   - C’est juste pour que le concierge me laisse entrer, dis-je.

   Il avait décroché son téléphone, je ne restai pas bloqué à la réception mais accédai directement au bureau de Sylvan Harding. Le quel commença par s’excuser du panorama.

   - Lorsqu’on est dans l’Empire State Building, soupira-t-il, on devrait être capable d’apercevoir trois ou quatre Etats, vous ne croyez pas ? Mais ici on est au sixième étage et avec une vue pareille on serait aussi bien au sous-sol !

   Il me racontait tout ça avec un sourire mécanique, et on sentait qu’il avait préparé son coup. J’eus l’impression qu’il récitait la même chose à tous ceux qui venaient le voir.

   Je glanais des informations et cherchais quelqu’un qui aurait pu en vouloir au défunt Byrne Hollander. Mon hôte ne me fut pas d’un grand secours. Il ne put me citer aucun client déçu ni aucun employé mécontent et n’en revenait pas qu’on puisse nourrir de l’animosité envers un homme de loi.

   J’appris que Byrne Hollander s’était spécialisé dans l’immobilier et les fidéicommis, ce qui rendait encore plus improbable qu’un de ses clients en colère lui ait envoyé Bierman et Ivanko. Dans son secteur, les clients étaient morts et enterrés avant qu’on puisse lui reprocher quoi que ce soit.

 

Descriptif

Editions du Seuil année 2002 ISBN 2020506785, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, pages moyennement jaunies, livre d’occasion broché grand format de 14,3x22,7 cm, 372 pages   

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