Gallimard

FLYNN J.M. – Le comptoir aux alouettes

Réf: pt-gsn737
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Description

Titre original « The girl from Las Vegas »

Traduit de l’américain par Antoine Béguin

Extrait 1

Elle conduisait vite, d’une main sûre et légère. Enfoncé dans le siège, cinglé par le vent qui passait au-dessus du pare-brise, je regardais voleter ses cheveux. A Carmel il faisait frais, mais quand nous arrivâmes au Village, après avoir remonté la vallée sur une vingtaine de kilomètres, la température atteignait presque quarante. Mikki n’avait rien dit pendant le trajet. Etant donné le vrombissement du moteur, c’eût d’ailleurs été inutile. Elle se gara devant Will’s Fargo, une sorte d’auberge de style victorien, avec un petit bar.

   - Je boirais bien quelque chose de frais, fit-elle. J’ai l’impression que nous allons être tranquilles pendant un moment. Ça vous va ?

   - Très bien. Passez la commande. J’ai un coup de fil à donner, je reviens tout de suite.

   Il y a une cabine devant une station-service tout près de là. Je demandai de la monnaie au pompiste et téléphonai à Monterey dans divers endroits. Je finis par dénicher Tex McNabb à l’Owl Club, un salon de jeu sur l’Alvarado.

   - Tu as trouvé quelque chose ? lui demandai-je.

   - Je peux te dire exactement quand Stoffers a éternué pour la dernière fois. C’était il y a vingt minutes, il venait juste d’avaler de travers.

   - Arrête ton char. Je suis avec la fille. Qu’est-ce que tu sais sur elle ?

   - C’est elle qui est chargée des relations publiques de Stoffers. Elle s’arrange pour que les journaux publient des articles sur les caïds qui vont jouer dans les boites de Stoffers. Elle organise les réceptions, et trouve des poules pour les types à qui Stoffers veut être agréable. Elle passe une bonne partie de son temps dans la péninsule, toujours pour affaires. A Del Monte Forest, il y a un tas de types qui jouent gros ; elle s’arrange pour qu’on ne cite pas leur nom dans les canards. Une ou deux fois par semaine elle va en avion dans le Nevada. Elle est peut-être intéressée aux affaires.

   - Sûrement. Elle a une tire qui va chercher dans les sept mille dollars.

   - Ah ! Je voulais te dire aussi : elle a un avion particulier.

   - Tu as son adresse ici ? Et son numéro de téléphone ?

   Il me les donna. Je connaissais la maison. C’était à Pebble Beach. J’y étais entré une fois : quelque chose comme huit chambres à coucher, avec une piscine couverte où l’on aurait pu disputer des régates.

 

Extrait 2  

   Je leur tournai le dos et m’éloignai en m’attendant à moitié à recevoir un coup sur le crâne. Arrivé à la porte, je me retournai. Stoffers et Powderly m’observaient, mais rien dans leur expression ne trahissait leurs pensées. Le troisième compère, Burns, probablement occupé à patrouiller dans la grande maison et ses vastes dépendances, n’était pas là. Je sortis en claquant la porte.

   La nuit était tombée et il faisait déjà noir quand je franchis le portail au volant de ma voiture. Le clair de lune filtrait à travers la forêt de pins. Lorsque les arbres se clairsemaient, on apercevait des morceaux de terrain de golf de Pebble Beach et de la baie de Carmel. L’eau scintillait sous la lune et, dans le lointain, retentissaient les cloches du couvent des Carmélites. C’était comme une voix d’un autre âge chantant la paix du soir dans un univers de calme et de sérénité. J’avais du mal à croire qu’en cet instant une fille était aux mains d’une bande de truands et que son sort dépendait entièrement de ce que j’allais faire ou ne pas faire.

   La Del Monte Forest est une sorte de réserve privée entourée de murs, et dont la surveillance est confiée à un corps de gardes forestiers habitués à veiller sur des types à fric et à la boucler. Il y a une brigade à chacune des quatre portes de la forêt. Je sortis par celle de la plage de Carmel. Le garde de faction jeta un coup d’œil sur ma voiture et décrocha son téléphone. Deux minutes plus tard, sur l’Ocean Avenue, j’avais une voiture de police à mes trousses. J’eus droit à la lumière rouge et à la sirène pour les grandes catastrophes.

   Je me rangeai au bord du trottoir, le flic descendit et courut vers moi. Je ne le connaissais pas.

   - Matt Tara ? fit-il en me braquant sa torche dans la figure.

   - Oui c’est moi.

   - Tom Hudson veut vous voir. Il est à son bureau.

   - Okay. J’y vais.

   Je démarrai et pris par Dolores Street. Il y avait de la place pour se garer devant El Fumador. Je traversai le trottoir en coup de vent, fonçai au téléphone, derrière le bar, et cherchai le numéro du FBI dans l’annuaire.

 

 

Descriptif

Editions Gallimard Série Noire 737 de 1962, état général moyen, couverture souple, tranche et dos marqués et passés, pages jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,7x18,2 cm, 192 pages   

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