Anne Carrière

GRAHAM Patrick – L’évangile selon Satan

Réf: pt-acpgess
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Description

Extrait 1

   Marie se courbe en deux et vomit. C’est toujours comme ça après une vision. Un coup de poignard. L’estomac qui se contracte et expulse la terreur accumulée par les images. Puis la douleur s’estompe. Restent la migraine et la peur.

   Rachel est passée par là où elle se trouve actuellement. Elle a traversé la clairière puis elle a disparu de l’autre côté des arbres. Marie se lève et se met à courir. Les bras ramenés sur son visage pour se protéger des branches, elle court dans le noir. Rachel a frôlé cet arbre qui porte encore la trace de son souvenir. Elle a touché cet autre tronc. Elle s’est arrêtée contre celui-là. Marie s’y appuie un instant et ferme les yeux.

   Flash.

   Rachel n’en peut plus. La fatigue fait siffler ses poumons. Elle a mal. Elle a envie de mourir. Elle essaie d’arrêter les battements de son cœur. Les fourmis font ça quand elles ne peuvent pas échapper au prédateur qui les poursuit. Mais Rachel n’y arrive pas. Foutu cœur qui bat ! Un bruit derrière elle. Elle étouffe un sanglot et se remet à courir. Sa peau trempée luit faiblement entre les arbres.

   Comme Rachel, Marie a repris sa course aveugle à travers le sous-bois. Elle sent la terreur lui couper les jambes et le souffle. Un grésillement. La voix de Bannerman retentit dans son oreillette :

   - Maries, est-ce que tu me reçois ?

   Elle ne répond pas. Elle court. Elle suit un sentier sablonneux que les pieds de Rachel ont trouvé, sur lequel elle peut courir plus vite. Elle distingue les empreintes des pieds nus de la jeune femme. Elle court aussi vite qu’elle le peut. Ses chevilles se tordent dans le sable mou. Soudain, Marie trébuche sur une racine de sapin et tombe à plat ventre en étouffant un cri qui éclate dans sa poitrine. C’est là que Rachel est tombée. Là qu’elle s’est cassé le pied et qu’elle a hurlé de douleur. Les doigts de Marie se crispent sur le sable.

   Flash

 

Extrait 2  

   - Pardonnez-moi d’insister, ma sœur, mais si vous n’ouvrez pas immédiatement cette porte, je serai obligée de revenir demain matin avec une centaine d’agents armés comme des cow-boys qui se feront un plaisir de perquisitionner votre couvent jusqu’aux fondations. C’est ce que vous voulez ?

   - Ce couvent jouit du statut diplomatique de terre consacrée du Vatican et nul ne peut y pénétrer sans l’autorisation de Rome ou de mère Abigaïl, notre supérieure. Je vous souhaite bonne route et que Jésus vous protège où que vos pas vous conduisent.

   La vieille religieuse referme le guichet lorsque Parks décide d’abattre ses cartes.

   - Allez dire à mère Abigaïl que la chose qui a massacré votre Recluse est morte à Hattiesburg.

   Le volet s’immobilise à mi-course et revient en arrière. La vieille bouche apparaît de nouveau.

   - Qu’est-ce que vous venez de dire ?

   - Caleb est mort, ma sœur. Mais j’ai bien peur que son esprit ne soit toujours parmi nous.

   A travers les ruades du vent, Parks entend quelqu’un agiter fiévreusement un trousseau de clés qui s’entrechoquent. Puis les verrous claquent les uns après les autres et la lourde porte s’ouvre en grinçant sur ses gonds. Marie contemple la vieille religieuse qui se tient courbée dans l’embrasure. Seigneur, quel âge peut-elle bien avoir ?

   Au-delà, un vaste escalier monte dans l’obscurité. Un escalier aussi vieux et sombre que celui qui conduisait à la crypte où Caleb avait crucifié les disparus de Hattiesburg. Puis elle passe le porche et pose le pied sur le sol sablonneux du couvent. Ce faisant elle ressent une impression de chute libre, comme si chaque cellule de son corps s’était brusquement mise à remonter le temps.

   A l’intérieur, les ténèbres sont plus profondes encore que la nuit. L’air semble plus transparent aussi et la flamme de la torche plus claire et plus vive. Ça sent le soufre, le potager et le purin. L’haleine du Moyen Âge. Pendant que la porte du couvent se referme en grinçant, la jeune femme sent la panique la submerger. Elle vient d’entrer dans une tombe.

 

Descriptif

Editions Anne Carrière année 2007 ISBN 9782843373800, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 15,7x23,7 cm, 528 pages   

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