Anne Carrière

GRAHAM Patrick – Retour à Rédemption

Réf: pt-acpgrr
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Description

Extrait 1

   D’abord un prénom. Wendy. Quelques lettres et la musique qu’elles composent une fois assemblées. Une frimousse piquetée de taches de rousseur, un short en jean, une silhouette adolescente dans un tee-shirt sans manches. Les formes de Wendy se précisent. Le paysage aussi. Des saules et des figuiers sauvages étendent leurs branches pleines d’ombre sur les rives d’un fleuve scintillant. Ça sent les fleurs sucrées et la chaleur. Des insectes bourdonnent dans l’air immobile. Il fait chaud.

   Les propres formes de Peter se dessinent au côté de Wendy. Il a eu quatorze ans hier. Wendy et lui ont fêté ça avec un paquet de gâteaux et un reste de soda tiède. Cela fait trois semaines qu’ils se sont enfuis du centre pour adolescents en difficulté de Bonne-Espérance au nord de l’état du Mississippi. Parce que le surveillant-chef Webster avait jeté son dévolu sur elle.

   Shepard se souvient du jour où Wendy est arrivée au centre : orpheline comme lui, placée dans des familles d’accueil qui la considéraient comme une bouche de plus à nourrir, elle avait commencé par fuguer avant de glisser dans la délinquance. Cette fois-ci, elle avait été rattrapée à la frontière de la Louisiane où elle avait essayé de braquer la caisse d’un fast-food avec un cutter. Vexée, elle avait avoué à Peter que le patron avait éclaté de rire en exhibant une batte de base-ball et en décrochant son téléphone pour appeler la police. Elle avait croupi deux jours dans une cellule du comté avant qu’un juge au nez très rouge ne l’expédie d’un coup de marteau à Bonne-Espérance. C’est là que Peter l’avait vue pour la première fois, quand elle était descendue de la voiture du shérif en soufflant sur la mèche qui lui barrait le front.

   Peter ne se souvient pas très bien du centre de Bonne-Espérance. Tout ce qu’il se rappelle, ce sont ces trois semaines sur les bords du Mississippi. La nuit de l’évasion aussi, après avoir assommé le surveillant-chef Webster. Pourtant, à part cette brute, Bonne-Espérance n’était pas un centre trop dur. Pas de cailloux à casser, pas de champs à labourer ou de coton à récolter sous le soleil brûlant. Juste une discipline militaire et quelques coups parfois mérités.

 

Extrait 2  

   Quand Peter se réveille, il fait noir et frais autour de lui. Ça sent la mousse et le salpêtre. Il passe une main sur sa nuque et effleure une bosse grosse comme un œuf. Il a l’impression que le coup de matraque s’est répercuté dans son corps tout entier. Il ramène sa main devant son visage et bat plusieurs fois des paupières pour s’assurer que ses yeux sont bien ouverts. Il agite les doigts. Il a beau écarquiller les yeux, il ne voit pas sa main. Il sent la panique s’emparer de lui. Les ténèbres sont tellement épaisses qu’il a l’impression que c’est vivant, que ça palpite, que ça entre par ses narines et par sa bouche comme un liquide et que ça se déverse dans ses poumons. Peter tâte à l’aveuglette autour de lui. Il est assis contre un mur aux pierres poussiéreuses et pleines de toiles d’araignées. Sous ses fesses, le sol est en terre battue. Ça grouille entre ses orteils. Des milliers de pattes minuscules escaladent ses talons, ses chevilles et ses mollets. Ses doigts ont atteint le bas du mur et viennent d’entrer en contact avec quelque chose de tiède et de velu. Il appuie. De la peau et de la fourrure. Des os en dessous. Ça se termine par un truc froid et dur comme de la corde. Des crocs pointus se plantent dans la paume de Peter qui lui écrabouille en retour la bestiole. Un jus chaud et odorant gicle sur son point. Un couinement. Peter approche à nouveau ses doigts de ses yeux. Ça sent le rat. Il les approche tellement qu’il manque d’en poser le bout contre ses globes oculaires.

   - Oh merde, je suis aveugle !

   - Calme-toi, Peter. T’es pas aveugle, t’es dans le noir.

   - Howard, c’est toi ?

   - Ouais, mec.

   Peter a beau regarder autour de lui, ses yeux ne s’habituent toujours pas à l’obscurité.

   - On est où ?

   - Les cachots de rédemption. C’est là qu’on enfermait les prisonniers de guerre récalcitrants. Tu te rends compte de ça, Peter ? Ces trous du cul nous prennent pour des Yankees !

 

Descriptif

Editions Anne Carrière année 2010 ISBN 9782843375460, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 15,7x23,7 cm, 400 pages   

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