Points

KELLERMAN Jesse – Les visages

Réf: pt-ptp2523
2,50 € TTC
 En stock
Ajouter au panier
Description

Titre original « The genius » Jesse Kellerman, 2008

Traduit de l’américain par Julie Sibony

Extrait 1

   Sans compter que j’appréhendais l’impact possible sur les ventes. Qui aurait envie d’acheter un dessin d’un tueur en série ?

   Des tonnes de gens, s’avéra-t-il. Mon téléphone se mit à sonner non-stop. Des collectionneurs que je connaissais, d’autres seulement de nom mais que je n’avais jamais rencontrés, et toute une pléiade de types peu recommandables me laissaient des messages ou débarquaient à la galerie pour me parler de Victor Cracke. Au début, je me réjouis de ce regain d’intérêt, mais après les quelques premiers appels je me rendis compte que ces gens étaient moins intéressés par l’œuvre que par la légende sordide derrière elle. Apparemment, avoir le statut de « pervers, délinquant sexuel et meurtrier » sur votre CV rapporte plus qu’un diplôme des beaux-arts de la Rhode Island School of design.

   Est-il vrai qu’il les a violés ? voulait savoir un homme. Pare qu’il venait juste de dégager un espace qui conviendrait parfaitement au mur de sa salle à manger.

   Je compris que la chose avait pris des proportions qui m’échappaient lorsque je commençai à être contacté par Hollywood. Un célèbre réalisateur de films indépendants me téléphona pour savoir si j’accepterais de lui prêter certaines pièces qu’il souhaitait utiliser comme toile de fond dans un clip vidéo.

   Je finis par appeler Marilyn.

   « Oh, ça va ! me dit-elle, je m’amuse juste un peu.

   - J’aimerais que tu arrêtes de faire courir des rumeurs.

   - C’est ce qui s’appelle créer un buzz.

   - Mais qu’est-ce que tu leur as raconté ?

   - Exactement ce que tu m’as raconté. Si les gens s’excitent tout seuls, ça en dit beaucoup plus sur eux que sur toi, moi ou l’œuvre en question.

   - Tu es en train de me déposséder de cette histoire.

   - Je ne savais pas que tu avais un copyright.

   - Tu sais autant que moi l’importance de maîtriser le discours, et…

   - C’est précisément ce que j’essaie de te démontrer, darling : il faut que tu arrêtes de vouloir maîtriser le discours. Lâche un peu de lest.

   - A supposer, je dis bien à supposer que ce soit vrai, je n’ai pas besoin que tu fasses courir des rumeurs.

   - Je te répète que je…

   - Marilyn. Marilyn. Chhhh ! Arrête. Arrête de faire ça point barre. Appelle ça comme tu veux mais arrête. »

   Et je lui raccrochai au nez, bien plus en colère que je ne l’aurais cru. De l’autre bout de la pièce, Nat me jeta un regard intrigué.

   « Elle a raconté à tout le monde que Victor était un pédophile », expliquai-je.

    Il gloussa.

   « Ça n’a vraiment rien de drôle.

   - Ben si, quand même », rétorqua Ruby.

   Je levai les mains au ciel et retournai à mon ordinateur.

 

Extrait 2  

   Il me fut beaucoup plus difficile que prévu de joindre Samantha par téléphone.

   Le numéro fixe qu’elle m’avait donné sonnait inexorablement dans le vide, et son portable était toujours sur messagerie. Je lui laissai deux messages l’après-midi même après avoir reçu la deuxième lettre de Victor, et deux autres le lendemain. Craignant de devenir un peu envahissant, j’attendis péniblement vingt-quatre heures avant de l’appeler à son bureau. Elle parut étonnée de m’entendre, et pas spécialement contente. Je lui dis que j’essayais de la joindre depuis plusieurs jours et j’attendis qu’elle me fournisse une explication. Comme ça ne venait pas, je déclarai de but en blanc :

   « Il faut que je te voie.

   - Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. »

   Elle semblait distante, et je me rendis compte qu’elle m’avait mal compris.

   « Ce n’est pas ce que tu crois. J’ai reçu une autre lettre.

   - Une autre lettre ?

   - De Victor Cracke. »

   Voyant qu’elle ne réagissait pas, je précisai :

   « L’artiste, tu sais ?

   - Ah ! Je ne savais qu’il y en avait eu une première.

   - Ton père ne t’en avait pas parlé ?

   - Non. Tu n’as qu’à le contacter, alors. »

   Je crus d’abord qu’elle parlait de son père et qu’elle faisait de l’humour noir.

   « Il n’y a pas d’adresse au dos. Tu es sûre que ton père ne t’avais rien dit ?

   - Sûre et certaine.

   - C’est bizarre.

   - Pourquoi ?

   - Parce que j’aurais pensé qu’il avait envie de te tenir au courant des développements de l’affaire.

   - Ce n’était pas mon truc. C’était votre truc à vous.

   - Quoi qu’il en soit, j’aimerais vraiment te montrer cette lettre. Je peux venir te chercher et…

   - Attends, dit-elle.

   - Quoi ?

   - Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

   - Pourquoi ?

   - Parce que je… je ne crois pas, c’est tout.

   - ça n’a rien à voir avec ça.

   - J’ai compris. Mais je n’ai quand même pas envie qu’on se voie.

   - Pourquoi ?

   - Parce que je n’ai pas envie.

   - Samantha…

   - S’il te plaît. Je ne veux plus qu’on en parle, OK ? Je crois que c’est mieux pour nous deux qu’on oublie tout ça et qu’on reprenne notre vie comme avant.

 

Descriptif

Editions Points Thriller P2523 de 2011 ISBN 9782757814130, bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 480 pages   

Produits pouvant vous intéresser