Livre illustré d’une dizaine de gravures hors numérotation
 
Extrait
 
   En surface, au moins, elle est quelconque, cette enfance de Schubert. Elle n’a certes pas le caractère mythique, légendaire des premières années – on pourrait dire de la vie complète – d’un Mozart. Elle se déroule dans un faubourg de Vienne, sur quelques centaines de mètres carrés, au lieu de se promener à travers l’Europe. Elle n’a pas non plus les côtés dramatiques qui expliquent la tendance au sombre chez Beethoven. Et pourtant, elle ne fut pas sans tempêtes : nous en connaissons quelques-unes ; les autres, refoulées tout au fond de cette petite âme, nous ne pouvons que les deviner. Car on aurait tort, ici et ailleurs, de se représenter le premier âge comme l’époque d’insouciance idéale. Ce serait vraiment abuser de l’impossibilité où il se trouve de nous dire ce qu’il éprouve. Tout, au contraire, porte à croire que l’enfant souffre et jouit avec beaucoup plus d’intensité que l’homme adulte, parce qu’il ressent à fond, sans arrière-pensée. Il se donne entièrement à son plaisir, à son mal. C’est longtemps après, avec la déformation du recul et grâce au mirage du souvenir que nos débuts dans la vie nous apparaissent enchanteurs. Ces réflexions s’imposent ay seuil de la biographie de Schubert.

Editions Emile-Paul année 1949, bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, pages jaunies, livre d’occasion broché grand format de 12x18,7 cm, 264 pages