Tome XIX comprenant
 
- Maigret et le corps sans tête
- Maigret tend un piège
- Un échec de Maigret
 
Extrait de « Maigret et le corps sans tête »
 
   Quand Maigret pénétra dans le grand couloir du Quai des Orfèvres, une lueur de gaieté dansa un instant sur ses prunelles car même ce couloir-là, le plus grisâtre, le plus terne de la terre, était aujourd’hui touché par le soleil, tout au moins sous la forme d’une sorte de poussière lumineuse.
   Entre les portes des bureaux, des gens attendaient sur les bancs sans dossier et quelques-uns avaient les menottes aux poignets. Il allait se diriger vers le bureau du chef pour le mettre au courant des découvertes du quai de Valmy quand un homme se leva et toucha le bord de son chapeau en guise de salut.
   Avec la familiarité de gens qui se voient chaque jour depuis des années, Maigret lui lança :
   - Alors, Vicomte, qu’en dites-vous ? Vous qui vous plaigniez que ce soient toujours des filles publiques qu’on coupe en morceaux …
   Celui que tout le monde appelait le Vicomte ne rougit pas, encore qu’il eût probablement compris l’allusion. Il était pédéraste, de façon discrète il est vrai. Il « faisait » le Quai des Orfèvres depuis plus de quinze ans pour un journal de Paris, une agence de presse et une vingtaine de quotidiens de province.
   Il était le dernier à s’habiller encore comme on s’habillait dans les pièces du boulevard au début du siècle et un monocle pendait à un large ruban noir sur sa poitrine.

Editions Rencontre année 1968, bon état général, couverture rigide reliée simili-cuir, tranche et dos en bon état avec les bordures un peu frottées, intérieur assez frais, livre de collection avec signet relié moyen format de 12,8x18,5 cm, 464 pages.