Librairie des Champs-Elysées

WALLACE Edgar – Angel Esquire

Réf: pt-lmewae
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Description

Traduit de l’anglais par Pierre Lapre

Extrait 1

   A la vérité, nul ne savait exactement quel poste occupait Angel. Si vous entrez au Nouveau Scotland Yard et demandez au concierge M. Christopher Angel, le gardien, votre identité une fois vérifiée, vous fait monter un escalier, puis vous passez à un autre agent qui vous conduit par d’innombrables portes tournantes le long de corridors infinis, jusqu’à la porte 647. Poussez-la et vous trouvez M. Angel assis à son bureau, ne faisant rien, en compagnie d’un numéro de La Vie sportive et d’un petit hebdomadaire du turf.

   Une fois, le Préfet de police lui-même, qui ne s’était pas fait annoncer, trouva Angel tellement plongé dans des calculs compliqués, au milieu de grandes feuilles pleines de chiffres et de livres ouverts de tous côtés, qu’il ne l’avait pas entendu entrer.

   - De quoi s’agit-il ? demanda le Préfet.

   Angel leva les yeux, avec son plus gracieux rire, et, reconnaissant son visiteur, se leva.

   - De quoi s’agit-il ? Répéta le Préfet.

   - D’un gros hic, monsieur le Préfet, dit Angel, grave comme un pape. Voici Mimosa handicapée avec quarante-cinq kilos dans le Friary Nursery alors que, selon mes calculs, elle peut rendre six kilos et les battre tous !...

   Le Préfet resta stupéfait.

   - Mon garçon, fit-il, je croyais que vous vous occupiez de l’affaire de la Banque du Lagos.

   Angel eut un regard lointain en répondant :

   - Oh ! c’est terminé depuis belle lurette ! Le vieux Carloy a été empoisonné par un nommé… J’oublie son nom en ce moment, mais c’était un Monrovien. J’ai télégraphié à la police du Lagos et nous l’avons cueilli, ce matin, à Liverpool, sur un bateau de la Compagnie Dempster.

   Le Préfet de police rayonna.

   - Mes félicitations, Angel. Par ma foi, je ne pensais pas que nous aurions l’occasion d’aider les Africains. Y a-t-il un blanc dans l’histoire ?

   - Je penche à croire qu’il y a… un nommé Connor qui a été croupier, ou quelque chose, chez le vieux Réale.

   Angel fronça les sourcils et, ramassant un crayon sur le bureau, fit un rapide calcul.

   - Cinquante kilos, murmura-t-il.

   Le Préfet pianota sur la table avec impatience. Il s’était laissé tomber sur un siège en face d’Angel.

 

Extrait 2

   - Tu es trop malin, Jimmy, et il y a trop d’ »il faut » dans tes paroles… Nous disons que la petite doit rester ici, et, non de Dieu ! Elle y restera !

   L’esprit de Jimmy était actif. Le danger était tout proche, il le sentait. Il lui fallait changer de tactique. Il s’était trop fié à la peur qu’il inspirait à Connor, et il avait compté sans la Bande. Lequel des deux hommes recélait le danger ? Ses yeux attentifs scrutèrent d’un coup d’œil les visages. Il les connaissait ; il savait leurs lugubres histoires sur le bout du doigt. A ce moment, il vit un veston suspendu au mur, à l’autre bout de la chambre. Il le reconnut aussitôt : c’était le veston de Goyle. Où était-il celui-ci ? Jimmy temporisa.

   - Je n’ai pas le moindre désir de déranger les plans de qui que ce soit, dit-il lentement, et il commença de mettre un gant, comme s’il allait partir. Je veux bien prendre votre avis, mais je vous ferais remarquer que la demoiselle m’inspire un égal intérêt…

   Il contemplait pensivement la paume de son gant comme s’il admirait la coupe. Cette attitude en apparence innocente, avait quelque chose de si bizarre que Connor s’élança en jurant :

   - Vite, Goyle !...

   Mais Jimmy avait quitté sa chaise et se tenait le dos contre le placard. Dans sa main nue, il tenait une arme noirâtre, menaçante, tout en crosse et en canon.

   Il leur fit signe de reculer et ils s’écartèrent.

   - Je veux vous voir tous, ordonna-t-il. Ne vous cachez pas l’un derrière l’autre. Je veux voir ce que vous faites. Laisse ton pardessus, Bat, ou je te loge une balle dans le ventre.

   Il s’était arc-bouté contre la porte pour résister à la poussée du prisonnier ; mais Goyle semblait avoir accepté la situation car il ne bougea pas.

   - Alors, vous vous demandez tous comment j’ai su, railla-t-il.

   Il leva la main gantée et, dans la paume, quelque chose miroita sous la lampe.

   Connor comprit. Un minuscule miroir cousu dans le gant fait partie de l’équipement des escrocs.

   - Maintenant, messieurs, dit Jimmy avec un rire moqueur, je tiens à en faire à ma tête. Connor, vous allez, s’il vous pla$it, m’amener la dame que vous avez enlevée cet après-midi.  

 

Descriptif

Editions Librairie des Champs-Elysées Le masque année 1931, état général moyen, couverture souple, tranche et dos marqués, avec de petits accrocs, pages jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,7x17,3 cm, 256 pages

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