Les colonnes du ciel Tome 3

Extrait

1/   Dès qu’ils eurent quitté la grotte, le vent les empoigna. Hortense frissonna. Ses vêtements mouillés venaient de se refroidir instantanément, glaçant ses épaules et son dos. Indifférent à tout ce qui l’entourait, Barberat tirait sa mule moins alerte sous ses paniers lourdement chargés. Ils empruntèrent un sentier qui montait entre des vignes et quelques taillis touffus où le vent ravageait à la manière d’un chien fou.

   Lorsqu’ils abordèrent au rivage d’ombre de la forêt fiévreuse, la jeune femme s’arrêta. Le Léman n’était plus qu’une étroite lame d’argent enchâssée dans un métal sombre. A droite, comme pour accentuait la pureté de sa clarté, deux foyers rougeoyaient d’où montait une épaisse fumée que les rafales plaquaient au flanc du coteau. Barberat, qui s’était arrêté pour laisser respirer sa bête, observa :

   - Sûr que ce pays est plus vivant que la Comté ! Les usines à fer et les forges travaillent jour et nuit.

   - Pour fabriquer des armes qui serviront à massacrer de pauvres gens de chez nous.

   - Ça se pourrait bien, fit calmement Barberat.

   Agacée par cette placidité du contrebandier, Hortense haussa le ton. Elle ne parlait plus, c’était Blondel qui s’exprimait par sa voix…

2/   Lorsqu’ils eurent terminé, la nuit était proche.

   A deux reprises, quelques poignées d’énormes gouttes froides étaient venues les cingler. Hortense avait tenu à prendre sa part de besogne et les hommes s’étaient inclinés. Une fois la fosse creusée, elle avait déclaré :

   - Blondel n’était pas homme à accepter un traitement de faveur. Être seul à dormir sous terre, tandis que d’autres demeurent exposés aux rapaces…

   Elle n’avait pas eu à achever. Nicolas avait dit :

   - Vous avez raison. On ne peut pas laisser les autres. Pour ce qu’il en reste, la fosse est assez grande.

   - Nous mettrons le docteur en dernier, avait décidé Hortense.

   La tombe refermée, ils y avaient entassé des pierres plates prises à un mur de clôture et planté une croix faite de deux branches.

   Comme il n’était guère possible de passer la nuit dans les ruines, ils remontèrent à mi-côte où ils avaient remarqué une hutte de charbonniers dont le toit de chaume tenait encore.

   - La seule chose, dit Nicolas, c’est de ne pas allumer de feu. Ça donne franc vers le couchant. On sait jamais qui peut traîner par là… La lumière attire la vermine.

3/   Résumé

   Hortense d’Eternoz aime passionnément le docteur Alexandre Blondel que les réfugiés comtois surnomment affectueusement « le fou merveilleux ». Ensemble, ils ont sauvé et soigné des dizaines d’enfants victimes de la guerre.

   Aussi, lorsque la nouvelle de la mort du médecin arrive au Pays de Vaud, le sang de la jeune femme ne fait qu’un tour. Elle décide de regagner la Comté, de le venger en luttant contre l’envahisseur français. L’amoureuse blessée devient femme de guerre. Elle lève une petite armée et se jette à corps perdu dans la bataille…  

Descriptif                                           

Editions Pocket 10212 année 1997 ISBN 2266078534, Bon état général, couverture souple, dos et tranche un peu marqué, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11x17,8 cm, 288 pages