Le livre de poche

HIGHSMITH Patricia – Eaux profondes

Réf: pt-ldp2231
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Description

Titre original « Deep water »

Traduit de l’américain par Jean-Jean Rosenthal

Extrait

1/   Certain s’imaginaient, Vic le savait, que Melinda restait avec lui à cause de son argent, et peut-être en effet cela influençait-il dans une certaine mesure Melinda, mais Vic estimait que ce n’était pas un facteur important. Vic avait toujours fait montre d’une grande indifférence vis-à-vis de l’argent. Ce n’était pas lui qui avait gagné ce qui le faisait vivre, c’était son grand-père. Si le père de Vic et si Vic lui-même avaient de l’argent, ce n’était dû qu’au hasard de leur naissance, alors pourquoi Melinda, sa femme n’y aurait-elle pas les mêmes droits que lui ? Vic avait un revenu de quarante mille dollars par an, et ce depuis son vingt et unième anniversaire. Vic avait entendu dire à Little Wesley que les gens ne toléraient Melinda que parce qu’ils aimaient bien Vic, mais il ne voulait pas le croire. Très objectivement, il trouvait Melinda assez sympathique, pourvu qu’on ne lui demandât pas de faire la conversation. Elle était généreuse, au fond elle était bien brave, et elle mettait de l’entrain dans les soirées. Tout le monde, bien sûr, désapprouvait ses aventures, mais à Little Wesley – le vieux quartier résidentiel d’où était issu l’agglomération plus neuve et plus commerciale de Wesley, à six kilomètres de là – on était singulièrement peu prude, comme si on s’efforçait d’éviter les stigmates de la Nouvelle-Angleterre, et personne jusqu’à maintenant n’avait jamais snobé Melinda pour des raisons morales.

 

2/   Melinda descendit de voiture quand elle s’arrêta devant la porte du garage et entra dans la maison. Vic remit à l’abri ses caisses de plantes. Il était quatre heures moins le quart. Il examina le ciel et en conclut qu’ils auraient sans doute un peu de pluie vers six heures.

   Il revint dans le garage et sortit l’un après l’autre ses trois aquariums d’escargots, dont chacun était recouvert d’un petit cadre en treillage pour laisser passer la pluie tout en empêchant les escargots e s’échapper. Les escargots adoraient la pluie. Il se pencha sur un des aquariums pour observer les escargots qu’il appelait Edgar et Hortense ; ils s’approchaient lentement l’un de l’autre, ils levèrent la tête, échangèrent un baiser et continuèrent leur marche. Ils s’accoupleraient sans doute cet après-midi, dans la douce pluie qui filtrerait à travers le treillage. Ils s’accouplaient environ une fois par semaine, et Vic les croyait sincèrement amoureux, car Edgar n’avait d’yeux pour aucun autre escargot qu’Hortense, et Hortense ne se laissait jamais embrasser par un autre de ses congénères. Sur le millier d’escargots qu’il avait, les trois quarts environ descendaient d’eux. Chacun d’eux se montrait tour à tour plein d’égards pour celui à qui incombait la charge de pondre – l’opération durait au moins vingt-quatre heures – et c’était seulement parce que, de l’avis de Vic, Hortense pondait plus souvent qu’Edgar, qu’il lui avait donné ce nom féminin. C’était ça le véritable amour, songeait Vic, même s’ils n’étaient que des gastéropodes. Il se souvint d’une phrase qu’il avait lue dans un livre de Henri Fabre à propos d’escargots qui franchissaient les murs d’un jardin, pour retrouver leurs compagnons, et bien que Vic n’eût jamais vérifié lui-même la chose, il était sûr que c’était exact.

 

Descriptif

Editions Le Livre de poche 2231 année 1967, état général Correct, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués, pages jaunies, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x16,8 cm, 384 pages

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