Prix du roman Policier du Festival de Cognac 1993

Extrait

1/   Depuis le début de l’après-midi, Noblet assistait à l’audition des premiers témoins. Certains passagers de l’autorail s’étaient présentés spontanément. Noblet les classait en deux catégories : ceux qui avaient vu quelque chose et qui n’avaient rien compris ; ceux qui n’avaient rien vu et qui avaient une opinion sur l’événement.

   Le rapport de gendarmerie précisait qu’une infirmière avait assisté le blessé dès les premières minutes du drame. Curteboeuf était parti à sa recherche et Noblet se languissait d’enregistrer sa déposition.

   Dans sa longue carrière d’officier de police judiciaire, il s’était coltiné quelques problèmes saugrenus mais l’histoire du manchot ensorcelé dépassait en bêtise ce qu’un esprit rigoureux comme le sien pouvait supporter. Les prémices de l’affaire s’imposaient à lui comme une insulte à la raison. Il avait donc décidé d’aborder la question avec prudence, de ne pas succomber aux explications simplistes et de ne se ranger à l’avis des devins qu’en cas d’échec cuisant de la méthode traditionnelle.

   D’emblée, il lui sembla nécessaire de ne pas s’enliser dans le bourbier croupissant des sciences occultes et d’écarter toutes les interprétations fallacieuses de l’événement. Pourtant, si l’on s’en tenait aux conclusions du rapport de gendarmerie, Dieu et la SNCF s’étaient associés dans un complot diabolique pour trucider dans son sommeil un passager anonyme de la ligne Haguenau-Strasbourg.

2/   Résumé

   Résignée, la grosse Fernande. Avant la guerre, elle faisait le grand écart pour les Ballets du rhin. Maintenant, tenancière philosophe d’une taverne à bibine, elle constate : »Chaque fois que j’ai rencontré un homme un peu moins con que les autres, il était pas fréquentable. » En Alsace plus encore qu’ailleurs, le passé pèse lourd quand ressurgit, au hasard d’un fait divers à sensation, le spectre d’un petit lieutenant de la Wehrmacht. Il y a encore bien des cadavres dans les placards, mais on en trouve aussi dans les trains. Pour le commissaire Noblet, une certitude : à Babbeldorf, on ne chantait pas »Il est cocu, le chef de gare ». Parce que le cocu, c’était le garde-barrière.

Descriptif                                           

Editions Librairie des Champs-Elysées Le Masque 2123 année 1993 ISBN 270242340X, Bon état général, couverture souple, dos et tranche un peu marqué, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x16,8 cm, 160 pages