MARKALE Jean – L’amour courtois

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Description

Ou le couple infernal

Extrait

1/   Tout comportement reconnu en public et qui prétend rendre compte d’une généralité valable pour tous se doit d’être un jour ou l’autre codifié par un théoricien. On sait très bien que les règles de la morale sont la conséquence de l’application de principes innés dans une société déterminée et qui sont généralement codifiés lorsqu’ils ne servent plus à rien. Le problème est alors de ne pas insister et de changer lesdites règles, ce qui ne fait jamais l’unanimité et ne se produit d’ailleurs pas sans douleur. On sait que l’Art poétique de Boileau marque la fin de l’âge dit classique : toutes les œuvres qui peuvent se rattacher à cet Art poétique étaient déjà écrites lorsque Boileau s’est cru obliger de rédiger son traité, provoquant du même coup la stérilité poétique du siècle suivant et contribuant à dégoûter à tout jamais de la littérature des générations d’élèves pourtant à priori biens disposés. Or l’amour courtois n’échappe pas à ce destin ; il a été codifié avec une merveilleuse précision mais au moment même o ù il cessait d’être appliqué, c’est-à-dire au début du XIVe siècle. Le seul intérêt de cette codification, par ailleurs bien fade et illisible, est de nous rappeler les points essentiels de ce que fut cette grande aventure intellectuelle du Moyen Age.

   Il s’agit d’un texte rédigé en latin, De Arte amandi, se trouvant dans un manuscrit du début du XIVe siècle et présenté comme étant l’œuvre d’un certain André Le Chapelain.

 

2/   Elaborer un code d’amour suppose d’emblée que la route qui mène vers la réalisation de cet amour est parsemé d’embûches diverses parfois difficiles à repérer. Ce n’est pas si simple d’aimer. Et après tout, que signifie le verbe aimer, que signifie le substantif amour ? Certains termes sont tellement employés, et parfois à contresens ou en sens dérivé, qu’il est bien de s’y reconnaître lorsqu’on veut tenter de les définir avec une précision optimale.

   Mais il ne faut pas oublier que la terminologie médiévale pour « amour courtois » est fin’amor : il s’agit donc d’une fine amour, et si l’on comprend bien, d’un amour poussé jusqu’à ses plus extrêmes limites. Et cela ne va pas sans une certaine finesse, c’est-à-dire sans une certaine recherche d’un fin, autrement dit d’un but. Le fin’amor peut donc être comprise comme une action amoureuse ordonnée en vue d’une fin.

 

3/   Résumé

   Au XIe siècle, un nouvel art d’aimer surgit dans la société aristocratique occidentale. La femme, naguère encore tenue en mépris par la lourde tradition misogyne héritée des Pères de l’Eglise, devient soudain, dans le chant des troubadours, le principe même et le sens de l’action masculine.

   Le chevalier, pour mériter sa dame, doit endurer le service d’amour, véritable ascèse sexuelle et guerrière. Savamment accru par une longue liturgie amoureuse, le désir fait de l’amant le prêtre d’une nouvelle religion dont la femme constitue le centre. Le couple de la fin’amor – dont Lancelot et Guenièvre restent le plus bel exemple littéraire – est né : couple secret, nécessairement adultère, infernal, écrit Markale, puisque opposé à l’Edéa chrétien du mariage.

    Heurtant morale et religion établies, l’amour courtois opère ainsi une triple rupture : dans les mentalités par le retour accepté du féminin, dans les mœurs par la valorisation de l’adultère, et enfin dans la spiritualité. En effet, alors même que grandit l’étonnant culte de la Vierge, la transfiguration courtoise de la Dame en véritable déesse salvatrice ne marque-t-elle pas, au sein de l’Occident médiéval, l’un des aspects majeurs du retour subtil de la Grande Déesse préchrétienne ?

 

Descriptif

Editions Imago année 1987 ISBN 2902702396, Assez Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché grand format de 14,2x22,8 cm, 252 pages

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