Extrait

1/   Jehan de Montpéril maudit la pluie qui risquait de rouiller sa cotte de mailles. Il en avait pourtant frotté chaque anneau avec une bonne couenne de lard bien grasse, mais il ne se faisait pas d’illusion ; le fer en était de piètre résistance et se piquetait de rouge à chaque averse. Le cheval renâclait à la promenade nocturne ; de plus, le grondement des torches malmenées par le vent l’effrayait. C’était une nuit sans lune, une de ces nuits où tout peut arriver, et il était hors de question de se déplacer sans porteurs de flambeaux. Jehan se pencha pour vérifier que le moine, qui le suivait à pied n’avait pas trop de mal à se maintenir à sa hauteur. C’était un jeune homme émacié, en proie à un grand trouble, et qui ne cessait de bredouiller des prières en marchant. Il avait pour nom frère Antonin. Il était venu chercher Jehan trois heures plus tôt, dans la salle commune de l’auberge où le routier se reposait des fatigues de sa dernière chevauchée.

2/   Le fisicien dut venir chercher chacun des mioches et lui immobiliser les bras pour l’emmener dans la guérite d’examen. Dès qu’on les dépouillait de leur drap, les gnomes se mettaient à pleurer et à pousser des cris lancinants. Leurs ululements exaspéraient frère Wilfrid ; Jehan devina que le drame n’allait plus tarder à éclater. Trop de gnomes avaient subi l’examen, et le médecin se préparait à se saiir du quatrième quand Wilfrid laissa éclater sa colère.

   - Cela suffit ! hurla-t-il. Ces bestioles sont de toute évidence d’essence diabolique. Vous avez remarqué frère Worm, comme elles se débattent et souffrent lorsque vous posez les mains sur elles ? C’est parce qu’elles ne peuvent supporter le contact d’un homme de Dieu. Je suis certain qu’il s’agit de créatures sataniques. Illuc unde abit redeo ; tous ces gens sont des démonolâtres. Nous avons assez perdu de temps. Soldats, garrottez ces marauds, hissez-les dans le chariot et mettez le feu à la voiture !

3/   Résumé

   Par une nuit sans lune, Jehan de Montpéril, le chevalier errant, est chargé d’escorter au fond de la forêt six fossoyeurs porteurs d’un cercueil bardé de fer. C’est une armure vide qu’il s’agit d’enterrer. Une armure maléfique, une armure tueuse qui, dit-on, bouge toute seule et répète, passé minuit, les gestes de mort appris sur le champ de bataille.

   Malgré cela, bien des chevaliers la convoitent, au risque de voir leur famille décimée par le vêtement de métal ensorcelé. Qu’importe ! N’a-t-il pas la réputation de rendre invincible celui qui s’en revêt ? Une malédiction pèse-t-elle vraiment sur l’armure ? Ou bien quelqu’un se sert-il de cette légende pour mener à bien une vengeance mystérieuse ?

   Une enquête gothique et cruelle, par l’auteur du chien de minuit, prix du Roman d’Aventures 1994, qui nous convie à une envoûtante exploration des sortilèges du moyen Age.

Descriptif                                           

Editions Le Livre de poche 17096 de 2000 ISBN 2253170968, Assez Bon état général, couverture souple, dos et tranche un peu marqués, pages jaunies, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 320 pages