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PRATCHETT Terry – La huitième couleur

Réf: sf-p5646
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Description

Premier tome de « Les annales du Disque-Monde »

Titre original « The color of magic » Terry Pratchett, 1983.

Traduit de l’anglais par Patrick Couton

Extrait 1

   Le Patricien d’Ankh-Morpork sourit, mais des lèvres seulement.

   « La porte d’Axe, vous sites ? » murmura-t-il.

   Le capitaine des gardes salua vivement. « Oui, monseigneur. Nous avons dû abattre son cheval pour l’arrêter. 

   - Ce qui t’amène tout droit ici, fit le Patricien en baissant les yeux sur Rincevent. Et qu’as-tu à dire pour ta défense ? »

   Selon la rumeur, une aile entière du palais du Patricien était dévolue à des clercs qui passaient leur temps à collationner et mettre à jour tous les renseignements recueillis par le réseau d’espions merveilleusement organisé de leur maître. Rincevent n’en doutait pas. Il jeta un coup d’œil du côté du balcon qui longeait un des murs de la salle d’audience. Un petit sprint, un bond agile… une pluie soudaine de carreaux d’arbalète. Il frissonna.

   Le Patricien cala ses mentons dans une main couverte de bagues et posa sur le mage des yeux petits et durs comme des perles.

   « Voyons, dit-il. Parjure, vol d’un cheval, mise en circulation de fausse monnaie… Oui, j’ai l’impression que pour toi, c’est l’Arène, Rincevent. »

   C’en était trop.

   « Je n’ai pas volé le cheval ! Je l’ai acheté honnêtement !

   - Mais avec de la fausse monnaie. Ce qui revient à du vol, tu vois.

   - Mais ces rhinus, c’est de l’or massif !

   - Des rhinus ? » Le Patricien en manipula un de ses doigts épais. » C’est ainsi qu’on les nomme ? Très intéressant. Mais comme tu l’as fait remarquer, ils ne ressemblent pas vraiment à nos piastres…

   - Bien évidemment, ce n’en…

   - Ah, tu le reconnais, alors… »

   Rincevent ouvrit la bouche pour parler, se ravisa et la ferma.

   « Exactement. Et pour couronner le tout n’oublions pas l’opprobre moral que jette ton lâche abus de confiance envers un étranger en visite sur nos côtes. Quelle honte, Rincevent ! »

   Le Patricien fit un vague geste de la main. Les gardes derrière Rincevent reculèrent, et leur capitaine s’écarta de quelques pas sur la droite. Rincevent se sentit soudain très seul.

   On raconte qu’à l’instant de la mort d’un mage, la Mort vient le réclamer en personne (au lieu de confier la tâche à un subalterne tel que la Pestilence ou la Famine comme c’est souvent le cas). Rincevent chercha nerveusement du regard autour de lui une grande silhouette en noir (les mages, même les mages ratés, possèdent dans leurs rétines, en plus des cônes et des bâtonnets, les tout petits octogones qui leur permettent de voir dans l’extrême octarine, la couleur fondamentale dont toutes les autres ne sont que des dimensions ; on prétend qu’il s’agit d’une espèce de violet jeune-vert fluorescent.)

 

Extrait 2

   « Rincevent ? »

   Les longues allées d’arbres répercutèrent en écho la voix de Deuxfleurs avant de la lui renvoyer, sans réponse. Il s’assit sur un rocher et se mit en devoir de réfléchir.

   Premièrement, il était perdu. C’était contrariant mais il ne s’en inquiétait pas outre mesure. La forêt lui semblait plutôt intéressante, elle devait abriter des elfes ou des gnomes, peut-être même les deux. Pour tout dire, deux ou trois fois, il avait cru apercevoir entre les branches des arbres d’étranges visages verts qui l’observaient. Deuxfleurs avait toujours rêvé de voir un elfe. En réalité, ce qu’il voulait vraiment voir, c’était un dragon, mais un elfe ferait l’affaire. Ou un véritable gobelin.

   Son bagage avait disparu, et ça, c’était ennuyeux. Il commençait en plus à pleuvoir. Il se tortilla, mal à l’aise, sur la pierre humide et tâcha de voir le bon côté des choses. Par exemple, durant sa course éperdue, son cheval emballé avait traversé des buissons et dérangé une ourse et ses petits, mais il avait pris le large avant que la bête ait pu réagir. Puis il avait soudain piétiné au galop les corps endormis d’une grosse meute de loups, et là encore, sa vitesse folle lui avait permis de laisser les jappements de rage loin derrière. Cependant, le jour s’avançait, et ce serait peut-être une bonne idée – songea Deuxfleurs – de ne pas traîner à découvert. Il trouverait peut-être un… il se creusa la cervelle, s’efforça de se rappeler quel genre de gîte les forêts offraient traditionnellement… Peut-être une maison en pain d’épice, quelque chose dans ce goût-là ?

   La pierre était vraiment inconfortable. Deuxfleurs baissa les yeux et, pour la première fois, remarqua l’étrange motif sculpté.

   On aurait dit une araignée. Ou alors un calmar ? La mousse et les lichens estompaient en partie les détails précis. Mais non les runes gravées en dessous. Deuxfleurs les lut sans peine, et elles disaient : » Voyageur, le temple accueillant de Bel-Shamharoth se trouve à mille pas en direction du Moyeu. » Voilà une chose curieuse, s’aperçut le touriste : il arrivait à lire le message alors que les lettres lui en étaient totalement inconnues. D’une façon ou d’une autre, l’information lui parvenait au cerveau sans l’astreinte fastidieuse de passer par les yeux.

 

Descriptif

Editions Pocket 5646 année 2014 ISBN 9782266211819, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, intérieur frais, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 288 pages   

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