Fleuve Noir

KENNY Paul – Coplan vide son sac

Réf: esp-fne788
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Description

Extrait 1

   Coplan n’était jamais venu à Santiago du Chili. Durant le trajet du taxi qui le conduisait de l’aéroport au cœur de la ville, la première impression qui le frappa fut qu’il n’était plus en Amérique Latine.

   L’architecture assez lourde des édifices publics, une certaine sévérité dans les perspectives des larges boulevards et une population de race blanche aux traits typiquement européens faisaient de cette capitale de près de deux millions d’habitants une agglomération où se mêlaient intimement des caractères anglo-saxons, germaniques et espagnols. On était très loin de la frénésie de Caracas, de l’élégance colorée de Lima et de l’exubérant brassage humain de Rio de Janeiro.

   Le taxi déposa Coplan devant une haute bâtisse grise de douze étages datant d’une époque où l’on utilisait encore la pierre de taille, et non le béton pour construire de grands édifices. C’était l’hôtel Carrera-Hilton, à l’angle d’une vaste place carrée dont un des côtés était entièrement occupé par un palais long et bas de style colonial, au fronton duquel flottait un drapeau.

   Un bagagiste emporta les deux valises et la serviette de Coplan, qui pénétra à la suite du porteur dans l’hôtel. Un escalier monumental, entouré d’un péristyle bordé de boutiques, mena Coplan à un immense entresol où se trouvaient la réception et d’autres magasins. Il y avait là beaucoup de monde, entre autres deux hôtesses de l’air en poncho pourpre de la compagnie Avianca et un commandant de bord en tenue bleu marine à casquette blanche. Et d’inévitables Japonais.

   Son passeport dans la main, Coplan se présenta au comptoir.

   - Vous avez une réservation à mon nom… Coplan, de Paris.

   Affairé, le préposé consulta rapidement un registre. Levant ensuite la tête vers son interlocuteur, il répondit en français :

   - Nous avons retenu pour vous la chambre 718, monsieur.

   Coplan fit un signe d’assentiment. Paul Duclin était logé au 726, donc au même étage : la direction de l’hôtel avait déféré à la demande formulée dans le câblogramme.

   Après avoir rempli sa fiche, Coplan suivit le chasseur qui lui montrait le chemin. Ses bagages lui furent apportés dix minutes plus tard, alors qu’il considérait l’aménagement de sa chambre.    

 

Extrait 2

   Le premier soin de Duclin, lorsqu’il fut entré dans sa chambre avec la jeune femme, fut de décrocher le téléphone pour commander une bouteille de champagne. « Français », spécifia-t-il.

   Puis apparemment plus guilleret que d’habitude, il dit à Cristina sur un ton enjoué :

   - Je serai heureux d’être votre initiateur dans ce domaine puisque, n’est-ce pas, vous n’en avez jamais bu… Mais prenez donc place, je vous prie.

   - C’est vrai, articula Cristina. Je n’ai jamais goûté au champagne français. Nous avons ici une sorte de champagne chilien, mais je suppose qu’il doit être très différent.

   - Je vous laisserai juger. Notez, vos vins sont de bonne qualité. Charpentés, puissants, ils ont quelque ressemblance avec nos bourgognes. Mais le champagne, c’est autre chose.

    Ils devisèrent à bâtons rompus jusqu’à ce qu’un garçon ait apporté un plateau surmonté d’un seau à glace, dont dépassait un goulot doré entouré d’une serviette, et de deux coupes en cristal.

   - Non, laissez, dit Duclin. J’ouvrirai la bouteille moi-même.

   Le garçon s’en alla.

   - Je crains qu’elle ne soit pas assez frappée, reprit Duclin à l’intention de son invitée. Ici, les caves doivent être relativement chaudes, et si je ne suis pas partisan d’un champagne glacé, j’aime qu’il soit très frais. Entre huit et dix degrés… Laissons-le reposer encore.

   Un ange passa.

   - Êtes-vous à Santiago depuis longtemps ? s’informa Cristina d’une voix mal affermie.

   - Depuis une dizaine de jours. Mais j’étais déjà venu plusieurs fois auparavant. Les affaires… Nous, Français, nous avons des accords de coopération économique avec votre pays. Nous lui vendons notamment du matériel agricole, des usines fabriquant des moteurs de voitures, des produits chimiques. Et vous, que faites-vous dans la vie ?

   - Moi ? Rien, pour l’instant. Je suis veuve… mon mari est décédé il y a deux ans, dans une catastrophe aérienne. J’ai touché une forte indemnité, et ses employeurs me versent une pension. Je ne sais pas encore si je vais me décider à ouvrir un commerce ou à chercher du travail.

 

Descriptif

Editions Fleuve Noir Espionnage 788 année 1970, état général moyen, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués et passés, pages jaunies, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 240 pages

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