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RIEL Jorn – Un récit qui donne un beau visage

Réf: re-1018de3159
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Description

Titre original « Mine Faedres Hus « Jorn Riel, 1970.

Traduit du danois par Inès Jorgensen

Extrait 1

   Jeobald est né en voyage. Sur une péniche baptisée La Volonté de Notre-Dame, quelque part entre Gand et Bruges. Dans la famille, on était marinier depuis des générations, et lui-même passa son enfance et sa première jeunesse sur les voies d’eau d’Europe.

   Jeobald est religieux, sans pour autant être rattaché à une quelconque Eglise. Comme sans doute la plupart des hommes, il porte en lui un mélange de bien et de mal et essaie d’ajuster sa foi à cette donnée ; une foi qui, dans ses grandes lignes, ressemble à celle de l’Eskimo, avec cependant cette petite différence que là où l’Eskimo s’accommode des innombrables âmes omniprésentes, Jeobald, lui, ne s’essaie qu’avec une seule – la sienne. Tout comme l’Eskimo il ne tient aucun compte du bien. Celui-ci étant là une fois pour toutes, on ne doit rien y changer. En revanche, il a un œil vigilant sur tous les côtés moins heureux de son âme et s’il émane des profondeurs de sa mémoire ne serait-ce qu’une allusion aux noires actions du passé, il entreprend à l’instant un combat souvent pénible pour se purifier. Il se considère lui-même comme un grand pêcheur et les processus de purification auxquels il se soumet peuvent parfois sembler grotesque ou déplacés, oui, même franchement ridicules.

   Il connut l’éveil un jour d’hiver pluvieux, dans une petite chapelle de la ville minière de Jumet. La chapelle, coincée entre deux respectables maisons bourgeoises, se tenait modestement en retrait de l’étroit trottoir. Jeobald fut attiré par une petite lumière jaune qui filtrait à travers la vitre de la porte et il entra pour éviter d’être trempé jusqu’aux os.

   Il est difficile de définir exactement ce par quoi il fut saisi. Peut-être simplement par l’ambiance de la chapelle à demi obscure, juste éclairée par quelques cierges d’autel, peut-être par la pluie diluvienne qui, sur le toit de tôle, faisait des bruits de jugement dernier, ou encore par une pensée fortuite qui, suivie par d’autres, se développa en réflexion sur l’existence. C’est difficile à dire. Par contre, ce qui est certain c’est que, lorsque plusieurs heures après il quitta la chapelle et que la pluie avait cessé depuis longtemps, il était profondément saisi par « quelque chose ».

 

Extrait 2  

   Les camarades jugeaient inutiles, et même un peu ridicules, les recherches eskimos de l’oncle Sam. Ils se moquaient gentiment de lui lorsqu’il exposait ses théories sur la migration des peuples polaires du nord de la Chine à l’est du Groenland, ou qu’il leur faisait un cours sur les cultures les plus connues. Aviaja était extrêmement effrayé par les os et les crânes humains qu’il allait chercher dans les vieilles tombes. Elle était pour la paix des morts, et ne comprenait rien à l’importance d’une mesure exacte de boîte crânienne, ni même à l’émerveillement suscité par un nez étroit et fin.

   J’étais le seul à suivre passionnément les recherches de mon oncle. J’adorais surtout l’entendre raconter des histoires sur le peuple qui formait une de mes composantes.

   Il arriva cependant une fois au moins où les hommes durent reconnaître l’importance de Sam. J’étais encore trop petit pour participer aux expéditions des hommes et restitue donc l’histoire telle qu’elle fut racontée par la suite.

   Notre voisin le plus proche s’appelait John. Il était connu comme le plus grand voleur entre Downty City et le Bassin de Pol, et portait le surnom de John l’Honnête. Sa réputation de chasseur était extrêmement mauvaise étant donné que, de notoriété publique, la moitié de ses renards venaient de pièges que d’autres que lui avaient posés.

   Comment diable cela put arriver reste aujourd’hui une grande énigme. Mais deux de mes chiens disparurent. Je possédais alors quatre chiens, que mes pères m’avaient réservés tout chiots, et partais souvent seul avec eux, bien que toujours à portée de voix d’Aviaja. Tous étaient des femelles, celles-ci étant considérées comme les chiens de traîneau les plus calmes. Il arrivait bien sûr qu’unchien s’arrachât à sa chaîne pour filer dans la montagne à la poursuite d’un troupeau de rennes, mais justement la nuit de la disparition de Bodut et Komak, Pete et Jeobald avaient soigneusement vérifié la chaîne. Par ailleurs, le fait qu’il s’agît de deux femelles en disait long.

   Après quelques recherches, on découvrit une piste de traîneau à une centaine de mètres derrière la maison, piste qui menait au Pas de l’Oie et continuait en direction du sud-est – donc vers Lock Bow et la station de chasse de John l’Honnête. Jeobald fit le compte des traces de pattes et décréta, à l’aide d’une simple addition, que le traîneau avait été attelé de sept chiens en arrivant, et de neuf en repartant. Sachant que le chasseur de Lock Bow ne possédait que sept minables trous du cul de clébards, comme l’exprimait Small Johnsson, il allait donc considérait Bodut et Komak comme kidnappés.

 

Descriptif

Editions 10/18 Domaine étranger 3159 de 2002 ISBN 2264028858, Bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 160 pages   

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