Belfond

BOURDIN Françoise – Un été de canicule

Réf: rf-befbec
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Description

Roman adapté de la série de France 2

Extrait 1

   Lucien Sorgue s’était arrêté aux Tilleuls pour boire un café. Contrairement à l’idée toute faite qui consiste à croire les gendarmes trop portés sur la bouteille, Sorgue ne consommait jamais d’alcool avant de rentrer chez lui, le soir, et d’ôter son uniforme. Dans la journée, il se désaltérait avec des sodas ou du café glacé, dont il avait toujours une Thermos dans sa voiture de patrouille. Aussi la soif n’était-elle pas le but de sa visite. Installé à la terrasse, il attendit qu’Emma ait déposé la tasse devant lui, et lui désigna la chaise voisine.

   - Auriez-vous une minute, madame Soubeyrand ?

   Etonnée, elle le scruta une seconde avant de s’asseoir en silence.

   - Vous qui connaissez tout le monde, vous devez vous souvenir de Laurent Labaume ?

   Ce nom parut avoir sur elle un effet répulsif car elle sursauta.

   - Labaume ? Bien entendu !

   Comme elle n’ajoutait rien, Sorgue prit un carnet dans la poche de sa chemise et consulta ses notes.

   - Il y a une dizaine d’années, Labaume s’était associé avec votre fils Antoine et un certain Cantel…

   - Oui, admit Emma à contrecœur. Ils avaient acheté ensemble une vieille grange, sur la route de Lourmarin pour en faire une discothèque.

   - Le Stax… Un truc pour jeunes, qui a tout de suite bien marché.

   - En saison oui. Et les samedis soir. Antoine a le sens du commerce et du contact, il tient ça de moi.

   Elle avait recouvré son sang-froid et elle ajouta, en hâte :

   - Ils n’ont jamais eu de problème, tout était en règle.

   - Oui, admit Sorgue en soupirant. D’ailleurs la boite existe toujours, et elle a toujours le même succès, avec Cantel seul aux commandes. Votre fils et Labaume se sont retirés de l’affaire à peu près au même moment.

   - Antoine voulait voyager, voir du pays. Pour Labaume, je ne sais pas.

   - C’est ça, mon problème.

   - Je ne vois pas en quoi je peux vous aider, maugréa Emma en se levant.

   - Une lettre anonyme est parvenue à la gendarmerie hier matin, déclara Sorgue sans la quitter des yeux.

   Cette fois Emma eut une expression de terreur sur laquelle le capitaine ne pouvait pas se méprendre. Il poussa son avantage aussitôt.

   - On a tout d’abord cru à un canular, ça arrive parfois… Mais la disparition de Labaume n’a jamais été expliquée et nous allons vérifier l’information du mystérieux correspondant.

   - Quelle information ?

   - Le corps de Labaume se trouverait au fond d’un puits, du côté de Garbaud, dans la montagne.

 

Extrait 2

   Devant les portes ouvertes de l’ambulance, Vincent venait d’être installé dans son fauteuil roulant. Dès qu’il regarda autour de lui, il parut horrifié.

   - Antoine…, dit-il d’une voix rauque. Antoine !

   Son frère se plaça aussitôt derrière lui et lui posa une main sur l’épaule.

   - Antoine, c’est ici que je vais passer les prochains mois ? Combien de mois ? Trois ? Six ?

   Malgré un soleil radieux, les longs bâtiments du centre de rééducation semblaient bien austères. Ici et là, dans les allées goudronnées, des convalescents se traînaient sur leurs béquilles ou tentaient de manœuvrer avec plus ou moins de maladresse leurs déambulateurs. Des handicapés actionnaient à grands coups de bras rageurs les roues métalliques de leurs fauteuils, et quelques vieillards étaient affalés sur des bancs de pierre.

   - Tu as vu ça ? Tu ne vas pas me laisser là, dis, Antoine ?

   Son angoisse était si pathétique qu’Antoine en fut bouleversé, mais il n’avait aucun moyen de soustraire son frère à ce qui l’attendait.

   - C’est le meilleur centre de tout le Vaucluse, déclara-t-il très vite. Avec les kinés les plus performants, les méthodes les plus…

   - Je ne resterai pas !

   Cette fois, le ton indiquait carrément la panique, et Antoine fit un effort pour conserver son sang-froid.

   - Allez, mon vieux, ne fait pas l’enfant, nous étions bien d’accord…

   - Non, pas du tout ! C’est maman qui a choisi, tranché, imposé, pas moi ! Comme toujours, elle décide de ce qui est bon pour nous, hein ? Tu trouves que ça nous a porté bonheur ?

   - Arrête, Vincent, arrête…

   - Tu t’en fous, tu seras parti d’ici dans une heure ! Tu me vois au milieu des gâteux, des grabataires, des infirmes ? C’est ça mon horizon, à partir d’aujourd’hui ? Je te préviens, je préfère me foutre en l’air.

 

Descriptif

Editions Belfond de 2003 ISBN 2714438555, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salie, livre d’occasion broché grand format de 15,5x24,2 cm, 288 pages

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